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et religieuse, l’empire athénien à la mort de Périclès, les fêtes publiques, l’armée et la marine, le sénat. On n’ira pas donner en thèse, pour une seule fois, l’état intérieur de la France en 1789, immense sujet qu’il importe cependant de faire étudier avec soin ; mais on proposera chaque année une partie de cette abondante matière, en la divisant le plus possible : divisions administratives, justice, finances, agriculture, etc.

Adopté depuis plusieurs années, ce système des sujets étroits a pleinement réussi. La nécessité subsistant de mesurer la matière générale de manière à obtenir pour les opérations du concours vingt sujets de leçons, puisque le nombre des admissibles est ordinairement de vingt, trois thèses seulement, de la même étendue que les six ou sept thèses qu’on donnait jadis, sont maintenant assignées. Il a paru qu’il serait plus court et, en tout cas, plus intéressant et plus instructif d’étudier en même temps les diverses parties d’un même sujet, qui se correspondent et se complètent, que de se répandre superficiellement sur de plus nombreuses thèses devant se partager en vastes questions. A traiter un des sujets étroits que nous venons de désigner, nul candidat très bien préparé ne pourra se plaindre raisonnablement de n’avoir pu développer et montrer ce qu’il avait appris ; et quant aux candidats insuffisamment préparés, leur exposition, même limitée au commentaire de quelques textes importans sur le sujet, se trouvera encore meilleure et plus’ utile, et répondra mieux à ce que demande l’épreuve de la thèse qu’une leçon impersonnelle résumée d’après quelques livres de seconde main. Il vaut mieux présenter en bon ordre quelques considérations probantes, appuyées sur des textes bien compris et bien expliqués, que de s’approprier sans examen des conclusions qu’on emprunte à d’autres.

Ce qui revient à dire : un des dangers de l’enseignement historique est l’abus des généralisations, l’habitude des conclusions hâtives, déclamatoires et vides de sens, qu’on répète d’âge en âge, avec une réelle indifférence pour la recherche sérieuse, patiente et sincère du vrai. Craignons ces formules, craignons ces opinions sommaires partout répandues ; elles plaisent aux esprits superficiels parce qu’elles les dispensent du travail ; elles plaisent quelquefois à une nation parce qu’elles flattent sa vanité, au risque de lui créer des illusions redoutables, impatientes de tout examen. Le principal fruit de l’enseignement historique doit être de donner aux esprits le sens du vrai sur les choses humaines. Pour obtenir ce précieux résultat, il faut que le futur professeur ne se contente pas trop aisément des faits vus en gros, de ce que quelques-uns appellent « l’histoire vue de haut » ou « la philosophie de l’histoire ; » il est nécessaire d’étudier les faits d’un peu près ; il