rendaient n’étaient pas assurés de la vie. Un jour qu’il était assiégé dans Nioro, les habitans furent massacrés sur simple soupçon. Une autre fois, les vivres manquant, il obligea ses soldats à abandonner leurs femmes. Les neuf dixièmes de la population ont disparu dans la plupart des contrées où ce terrible conquérant a passé. Plût à Dieu qu’il eût l’esprit pratique de ce roi de l’Unyoro qui répondait au voyageur Benner : « Tuer un homme ! mais un homme mort ne paie plus d’impôts. » Son armée, qui compta jusqu’à quarante mille combattans, se recrutait principalement chez les Toucouleurs sénégalais, ses compatriotes. Il périt dans le Macina vers 1865. M. Soleillet, qui a fait un voyage à Segou, en 1879, y trouva une légende déjà formée sur sa fin. On raconte que, cerné par l’ennemi, il se retira sur une haute montagne et qu’il y fut enlevé au paradis.
Il ne retenait les vaincus que par la terreur ; ce lien devait forcément s’affaiblir à sa mort. En effet, son empire se disloqua. Son neveu Tidiani semble s’être maintenu dans le Macina, on ne sait dans quelles conditions. Son fils Ahmadou, qu’il avait de son vivant installé à Segou, eut la charge des autres conquêtes ; mais son pouvoir ne resta établi avec quelque solidité que dans le Segou même, dans le Kaarta et aux environs de Duinguiray, point de départ des conquêtes d’Omar, parce que les Toucouleurs s’étaient fixés dans ces provinces en plus grand nombre que dans les autres. Les Bambarras du Niger et les Malinkés du Haut-Sénégal se soulevèrent et la guerre s’éternisa dans ces malheureux pays, ensauvagée par une double haine de races et de religions entre conquérans et autochtones, croyans et païens. Aucun des deux partis ne s’est trouvé assez fort jusqu’à présent pour établir la paix par l’écrasement de l’autre ; la dévastation se poursuit, et la solitude s’étend tous les jours davantage.
Quand il voulait s’assurer d’une province conquise, El Hadji-Omar y bâtissait une place forte, ce qu’on appelle un tata dans cette partie du Soudan. Il était habile à lui choisir une bonne position stratégique et il y laissait une garnison chargée de faire rentrer les impôts et de réprimer les tentatives de rébellion. C’est ainsi qu’il avait renfermé le Haut-Sénégal entre les places de Guemou, de Kouniakary, de Koundian et de Somsom-Tata, qui ne surveillaient pas seulement les provinces riveraines, mais encore nos propres possessions. Le général Faidherbe s’appliqua à détruire ce quadrilatère qui nous étreignait. Somsom-Tata fut pris et rasé par nos troupes en 1857 et Guemou en 1859. Koundian resta en l’air, perdu au milieu de populations hostiles. Ahmadou, inquiet de cet isolement, fit alliance avec les gens du Logo et du Natiaga, pays situés près de notre fort de Médine. L’audace du Logo devint telle