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commençait l’exploration. On longea la rive gauche du Bakhoy jusqu’à quelque distance au-dessus de Fangalla, on le passa au gué de Sidibé et on longea la rive droite jusqu’à Kita. M. Piétri fit un crochet pour explorer l’affluent signalé par Mage sous le nom de Bakhoy n° 2. La vallée en est magnifique, mais c’est un grand ruisseau où il y a plus de pierres que d’eau, dit le voyageur. Il s’appelle Baoulé ou Babilé, il vient du Kaarta et reçoit à gauche une autre rivière du nom de Badingo. Le pays est très varié d’aspect, généralement montagneux et coupé de nombreux marigots, dont quelques-uns exigeront des travaux d’art pour être franchis. Il est fertile, mais très peu peuplé. La cause de cette solitude est toujours la même : les guerres. Il est bon de remarquer ici que le lecteur aurait tort de juger des autres parties du Soudan par celle-ci. Le long du Haut-Niger, et bien que les guerres y aient également sévi, existent des populations beaucoup plus denses ; ce sont elles qu’il s’agit d’atteindre par le chemin de fer. Le petit district de Kita, qui a été moins maltraité que les autres, contient seize villages et sept ou huit mille habitans. Partout les chefs se montrèrent prêts à ratifier les promesses qu’ils avaient précédemment faites, et tous signèrent des traités par lesquels ils se plaçaient sous le protectorat de la France. Pour donner une idée de ces traités, nous reproduisons celui de Kita. Comme les autres, il est rédigé à la fois en français et en arabe :


Au nom de la République française,

Entre G. BRIERE DE L’ISLE, colonel d’infanterie de marine, commandeur de la Légion d’honneur, gouverneur du Sénégal et dépendances, représenté par le capitaine Galliéni, chef de la mission du Haut-Niger d’une part,

Et MAKHADOUGOU, chef du pays de Kita, Tokhouta, chef de Maka’ndianbougou[1], assisté des fils de Tokhouta et des principaux chefs et notables d’autre part,

A été conclu le traité suivant :

Article premier. — Les chefs notables et habitans du pays de Kita déclarent qu’ils vivent indépendans de toute puissance étrangère et qu’ils usent de cette indépendance pour placer de leur plein gré eux, leur pays et les populations qu’ils administrent sous le protectorat exclusif de la France.

Art. 2. — Le gouvernement français s’engage à ne jamais s’immiscer dans les affaires- intérieures die pays, à laisser chaque chef gouverner et administrer son peuple suivant leurs us et coutumes ou religion, à ne rien changer, dans la constitution du pays qu’il prend sous sa

  1. Le principal village du Kittu.