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réserve, il envoie à la maréchale copie de la lettre du général suédois et de sa propre réponse accompagnées de commentaires sur le caractère de Bernadotte, où la véhémence pathétique des malédictions passionnées s’unit à la solennité religieuse de l’anathème. Par une coïncidence des plus singulières, le jour où il annonce cet envoi à la maréchale est celui même où il apprend la mort de Moreau, et il se plaît à associer dans un même sentiment d’exécration ces deux illustres coupables envers la patrie. Nous donnerons cette réponse au général suédois et la lettre d’envoi à la maréchale ; ce sont des pièces du plus grave intérêt et qui désormais appartiennent à l’histoire.


Ratzbourg, 11 septembre 1813.

On assure que ce misérable Moreau a été tué dans les affaires de Dresde : il ne méritait pas cette mort. La postérité en fera justice, ainsi que de tous ces misérables ambitieux qui sacrifient à leur passion patrie et religion. J’ai eu occasion d’exprimer hier ces sentimens à un grand ennemi. Demain je t’enverrai sa lettre et copie de ma réponse.


Réponse à M. le général Wegesach.


Ratzbourg, 10 septembre 1813.

Monsieur le lieutenant-général, votre lettre de Wismar à Son Excellence le général commandant les troupes danoises à Lubeck a été envoyée à M. le maréchal prince d’Eckmühl, commandant les troupes françaises et alliées sur le bas Elbe.

Son Excellence a ordonné de faire prendre des informations sur le fait qui fait l’objet de votre lettre, c’est-à-dire l’incendie de quelques maisons de Schönberg, Son Excellence ne tolérant à la guerre que le mal nécessaire.

Si ce fait n’est point le résultat de ces malheurs qui sont si fréquens et qui ont toujours fait de la guerre un véritable fléau, il sera fait justice des coupables.

M. le maréchal, du reste, n’a pu voir qu’avec plaisir, mais sans étonnement, combien les usages barbares d’incendier le pays révoltent un général suédois, quoique ces maximes aient été tout récemment proclamées par des gouvernemens avec qui l’empereur Napoléon est en guerre.

Son Excellence m’a ordonné aussi de vous faire observer, sur votre exposé que la guerre ne se fait de la part des nations alliées et européennes contre l’empereur et roi noire souverain que pour la liberté et l’indépendance, que la postérité jugera si c’est là le véritable motif de cette guerre ou si elle n’est point enfantée par l’esprit monopoleur des