Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 42.djvu/942

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un style mi-partie gaulois, mi-partie germanique. Les Mémoires sont suivis d’une esquisse de la grammaire de Commynes et d’un vocabulaire qui font honneur à l’érudition de M. Chantelauze.


Les Chroniques de Froissart, édition abrégée, avec texte rapproché du français moderne, par Mme de Witt, née Guizot, 1 vol. gr. in-8o, contenant 11 planches en chromolithographie, 2 cartes, etc. ; Hachette. — Nouvelle Galerie des Écrivains français, par C.-A. Sainte-Beuve, orné de nombreux portraits gravés sur acier, 1 vol. gr. in-8o) Garnier frères.

Ce que nous disons de Commynes (1447-1509) n’est pas pour médire de Froissart (1337-1410), le chroniqueur des chroniqueurs, comme on devrait l’appeler et dont Mme de Witt vient de nous donner une belle édition, considérablement réduite, attendu qu’on ne contient pas l’agréable prolixité du plus curieux des chanoines en un seul, ni même en deux, ni même peut-être en trois in-octavo. Froissart, on l’accorde, n’égale Commynes ni pour la force de la réflexion ni pour la dignité de la pensée, mais comme conteur, ou, mieux encore, comme coloriste plutôt que comme écrivain, il lui est incomparablement supérieur. — J’espère qu’on ne trouvera pas le rapprochement trop artificiel si, faute d’en pouvoir dire plus long et nous référant au jugement d’un maître, nous saisissons l’occasion de rappeler une belle étude que Sainte-Beuve a consacrée jadis à Froissart, et que l’on vient de réimprimer précisément en tête d’une Nouvelle Galerie des Écrivains français, ornée de beaux portraits, et disposée de manière à donner, en courant de sommets en sommets, une idée générale de la littérature française. — On retrouvera, dans le volume de Mme de Witt, les plus célèbres endroits des Chroniques. Nous ne saurions trop louer, pour nos vieux écrivains, ce genre de publication par fragmens, par morceaux choisis, par épisodes qu’il faut connaître. C’est le vrai moyen de les mettre à la portée de tout le monde. Ajoutez que Mme de Witt ne s’est pas contentée de revoir le texte de Froissart, elle a pris la peine de le traduire ou tout au moins de rapprocher son français de celui que nous parlons. Je ne garantirais pas que Froissart n’y perdît un peu de ses grâces et de son charme ; mais d’autre part il serait difficile, sans cette précaution, de persuader au public de le lire. C’est dommage, mais il faut bien s’accommoder au temps. Tout cela, d’ailleurs, a été fait avec beaucoup de discrétion, beaucoup de goût, et le plus scrupuleux respect de tout ce que l’on pouvait conserver de l’original sans risquer d’arrêter le lecteur moderne ; de très belles illustrations, d’après les manuscrits, toutes authentiques, par conséquent, et quelques-unes d’une délicatesse d’exécution tout à fait rare. en chromolithographie, de nombreuses gravures dans le texte, choisies dans le même esprit de représentation fidèle des hommes et