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Quatre Filles du docteur Marsch, arrangé par M. P.-J. Stahl, d’après un roman américain et de la Frontière indienne, de M. Lucien Biart.

Le premier de ces deux volumes est un intéressant récit, peut-être encore un peu long, — mais il y a vraisemblablement force lecteurs qui ne s’en plaindront pas, — où l’histoire d’une même famine est racontée avec cet art particulier qu’ont les romanciers anglais ou américains de mettre en œuvre des sentimens très simples, très honnêtes, si naturels qu’en France on les trouve un peu bourgeois et qu’ils y semblent médiocrement s’accommoder à ce que nous demandons dans le roman de drame et de passion. Le traducteur, ou plutôt le collaborateur, a élagué de l’original américain toutes les prédications honnêtes, mais profondément ennuyeuses, qui l’encombraient. En Amérique, le roman, trop souvent, n’est qu’une forme du tract. On ne l’écrit pas pour amuser les autres ni pour s’amuser soi-même, on l’écrit pout faire pénitence et pour convertir les infidèles. Cela n’empêche pas que le talent et, par conséquent, l’intérêt s’y rencontrent. Il faut seulement qu’une main habile s’emploie à les faire valoir et qu’un excellent arrangeur se dévoue. Ils sont déjà nombreux ceux à qui M. P.-J. Stahl a rendu ce service.

Pour le volume de M. Lucien Biart, c’est un agréable récit de mœurs d’outre-mer, vivement conté, relevé de cette pointe d’originalité très personnelle que M. Lucien Biart sait mêler à tout ce qu’il conte. Ajoutez qu’il ne ressemble pas à tant d’auteurs de récits de voyages, et qu’ayant sur la plupart d’entre eux cette grande supériorité d’avoir voyagé, le lecteur s’aperçoit aisément qu’on ne lui décrit pas ici des mœurs de convention dans des cadres de fantaisie. Contentons-nous de mentionner en finissant les deux volumes de M. Jules Verne, la Maison à vapeur, et un nouveau volume de l’Histoire générale des voyages. Celui-ci, consacré tout entier aux voyageurs du XIXe siècle, contient en trois parties le résumé de l’histoire de la colonisation et de l’exploration de l’Afrique, le résumé des grandes expéditions polaires, enfin le journal des principaux voyages de circumnavigation accomplis de notre temps.


Souvenirs de la Nouvelle-Calédonie. — L’Insurrection canaque, par M. Henri Rivière, 1 vol. in-8o, orné de 45 vignettes. Calmann Lévy.

Dans quelle catégorie placerons-nous bien les Souvenirs de la Nouvelle-Calédonie de M. Henri Rivière ? Il me semble qu’ils tiendront assez bien leur rang dans les annales de l’histoire de notre marine. En effet, c’est ici plus qu’un récit de voyage, plus qu’une vive description d’un pays lointain par un écrivain dont les lecteurs de la Revue connaissent depuis longtemps les œuvres si originales : c’est un récit d’histoire. Si