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LA
REFORME JUDICIAIRE

II.[1]
L’INFLUENCE DE LA DÉMOCRATIE SUR LA MAGISTRATURE, — LES ÉTATS-UNIS ET LA SUISSE.

Avant d’indiquer, avec autant de précision que le comporte un tel sujet, la nature des réformes qu’il convient de proposer et de soutenir, nous voudrions mesurer quelle est en général l’action de la démocratie sur le pouvoir judiciaire.

Cette recherche paraîtra, nous le savons, un hors-d’œuvre à ceux qui ne voient dans le mouvement qui se déroule sous nos yeux que le résultat d’une politique mauvaise. La vue des maux présens détourne trop souvent de la recherche des causes générales. On trouve commode de saisir du même coup d’œil la faute et ses conséquences. On se plaît à charger un adversaire, un parti, du poids des responsabilités, et on se dispense de toute analyse en répétant, avec un nom propre, une exclamation qui devient le mot d’ordre d’un groupe : « C’est la suite du 16 mai, » ne se lassent pas de répéter certains républicains. — « C’est la faute de M. Thiers, qui aurait pu tout sauver, » répliquent les monarchistes. Cet échange de récriminations ne sert qu’à dispenser chaque parti de faire son examen de conscience. Dans les embarras de l’heure présente, la part des fautes est assurément fort large ; mais ce serait se faire d’étranges illusions que de ne pas voir, au-delà des imprudences et des

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1880.