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dissoute. Les libéraux, qui n’avaient pu triompher de lui par les armes, venaient de le vaincra à Mexico par la calomnie, grâce aux amis qu’ils avaient dans les conseils mêmes de l’empereur. Aucun parti au Mexique ne pouvait vouloir, en effet, de ce vaillant soldat, qui allait si vite et frappait si fort. Le colonel du Pin parti, on devait perdre avant peu tout le Tamaulipas et Tampico. Le Yucatan était troublé et presque en révolte par l’arrivée des troupes du général Galvez, que l’Eure y avait portées. L’explosion avait eu lieu à la suite d’un incident futile. À Herida, le général Galvez ayant forcé la consigne d’un homme de la police, l’ayuntamiento avait adressé contre lui au commissaire impérial une plainte que celui-ci avait trouvée inconvenante, En conséquence, il avait infligea chaque membre de l’ayuntamiento une amende de 150 piastres ou un mois de prison à leur choix. Tous avaient préféré la prison, et un nouvel ayuntamiento avait été nommé. Mais les membres de l’ancien et les péonistes, ainsi nommés parce que la famille Péon était à la tête de l’opposition, avaient adressé à l’empereur une pétition portée par des commissaires qui avaient pour leur voyage des frais illimités. Il fallait entendre par ces mots de quoi acheter à Mexico quiconque voudrait se vendre pour faire réussir la députation.

De son côté, au départ de la compagnie des créoles de la Martinique que commandait le capitaine Lardy et qui avait su se faire aimer et au bruit de son remplacement par une garnison mexicaine, Campêche avait été près de se soulever. On l’avait calmé-en lui annonçant que l’envoi de cette garnison n’aurait pas lieu, mais on pouvait s’attendre à des difficultés sérieuses entre l’autorité civile et l’autorité militaire, et il devenait urgent, si l’on ne voulait pas être débordé, de soutenir fortement M. Ilarrégui, A Alvarado, les bords de la rivière étaient gardés par les dissidens et, le blocus n’existant pas, le commerce était libre. Les libéraux percevaient ainsi les droits de douane partout où nous n’étions pas. Payant leurs soldats avec cet argent et remplissant leurs caisses particulières, ils n’avaient aucun intérêt à se prononcer pour nous. Toutefois on ne pouvait rien faire avant d’y avoir mis une garnison suffisante, car la Sainte-Barbe ne maintenait que la ville et non les rives. Encore cette canonnière était dans un tel délabrement et si percée par les tarets qu’il avait fallu lui mettre un calibre plus faible et lui recommander de ne tirer que pour sa défense.

Au Tabasco, c’était pis encore, et l’ennemi y abusait avec une habileté et une insolence extrêmes de l’impunité dont il jouissait. Il venait à son gré à Vera-Cruz, à Campêche, à Sisal, recevait des subsides et des munitions, répandait ses journaux remplis d’insultes et de menaces, tandis qu’il nous fermait avec le plus grand soin l’abord de son territoire et que nous ne pouvions aller à