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assemblées préparatoires, n’épargnaient aucun effort pour faire adopter par ces assemblées les candidatures qui leur étaient désignées et qu’ils appuyaient ensuite auprès des électeurs de toute l’influence que leur donnaient leurs fonctions. C’est ainsi que sénateurs et représentans se chargeaient de pourvoir aux fonctions publiques et qu’à leur tour les fonctionnaires se chargeaient de faire réélire sénateurs et représentans. Est-ce seulement aux États-Unis qu’on a vu ce cercle vicieux s’établir au détriment du service public ?

Malgré la solennité des promesses faites au nom de leur propre parti pendant la période électorale, les meneurs républicains n’avaient jamais imaginé qu’il pût venir à l’esprit du président et de ses ministres de ne pas faire d’exception en faveur de leurs amis politiques. La réforme administrative devait consister à ne tenir aucun compte des recommandations des sénateurs démocrates ; mais pouvait-on songer à ruiner l’influence des sénateurs républicains et à détruire le travail de plusieurs années en rompant les mailles du filet dans lequel on avait enveloppé les électeurs ? M. Hayes, qui s’était interdit de viser à une réélection, se tenait pour lié par les engagemens qu’il avait pris en acceptant la candidature et qu’il avait renouvelés dans son discours d’inauguration. « J’appelle l’attention du pays, avait-il dit le 4 mars, sur l’importante nécessité de la réforme dans les services civils, réforme qui ne doit pas porter seulement sur certains abus, sur certaines pratiques du patronage, dit officiel, sanctionné par l’habitude dans plusieurs départemens de notre administration, mais qui doit effectuer un changement dans le système même des nominations, réforme enfin qui doit être rationnelle et complète et être un retour aux maximes des fondateurs de notre gouvernement. Ceux-ci n’avaient jamais attendu ni désiré de la part des fonctionnaires publics aucun service de parti. Ils entendaient que les fonctionnaires publics devaient tous leurs services au gouvernement et au peuple. Ils voulaient que l’emploi fût permanent tant que la réputation personnelle de l’occupant demeurerait intacte et que la manière dont il remplirait ses devoirs serait satisfaisante. Ils entendaient que les nominations aux emplois ne seraient ni faites ni espérées en récompense de services de parti, ni simplement sur les recommandations des membres du congrès, comme si ceux-ci avaient un titre quelconque à exercer une influence décisive sur ces nominations. »

Il est impossible d’imaginer rien de plus net et de plus précis qu’un pareil langage. M. Hayes était donc conséquent avec lui-même en tirant de leur léthargie les commissions d’examen qui ne fonctionnaient plus que pour la forme et en restituant un caractère sérieux à l’obligation du certificat de capacité pour entrer dans un