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vienne et que la France s’écroule ; j’ai fait ce traité avec le malheur, je ne lui demande plus qu’elle ; mais que de temps, que de précautions avant de réussir ! Si elle veut, je réponds du succès, mais elle se flattera ! mais elle se dévouera !

J’ai usé du crédit de Charles pour le passe-port de Mme de la Borde et de Juste ; s’il le faut aussi, je prendrai de l’argent pour notre amie, — mais tout le mien est là pour elle. — Comme j’écris à Charles par la Flandre, je ne lui développe pas suffisamment que je m’occupe sans relâche de sauver sa femme. Je saurai par mon jeune ami ce qu’on peut à Paris à cet égard et je lui donnerai une lettre de crédit. Il y a déjà un négociant suisse qui a des moyens et s’est consacré à cette affaire ; depuis qu’on peut voyager en poste, il y a plus d’espoir. — Son passeport visé de la commune de Paris est déposé dans un lieu sûr et j’en ai envoyé un autre pour Mme de la Borde afin qu’elles ne fussent pas arrêtées l’une par l’autre. L’ensemble de tous ces frais s’est monté à 160 louis en y comprenant le premier voyage fait il y a quatre mois pour Nathalie. Ce commerce d’humanité a fort renchéri depuis quelque temps. — L’homme envoyé par Malouet est aussi revenu. Voici la réponse. — Je ne crois pas qu’il faille en montrer les paroles à Malouet à qui j’écris en vague sur Mme de Behotte. Tout étoit prêt pour elle, il faut recommencer pour sa femme et son fils. Si rien de nouveau n’arrive dans dix jours, les passeports seront revenus de Baden où est Barthelemi.

Il en coûte 20 livres pour la moitié des frais de la course de l’homme, Je me suis chargée du reste parce qu’il a apporté cette lettre de mon jeune Suisse et 5 livres pour les passeports. Vous ferez venir Charles et Malouet chez vous, n’est-ce pas ? Quand mon jeune Suisse sera arrivé et reparti, je saurai tout ce qu’il est possible d’espérer pour Mme de la Borde et sa fille, — mais notre amie ! J’envoye des passe-ports pour Mme de Beauvau, Mme de Simiane et l’abbé de Damas. Quand elle leur saura des moyens d’échapper, résistera-t-elle à mes instances ? Un si grand bonheur n’est pas fait pour nous, mais au moins, il n’y a qu’un homme dans le secret, et la prudence qui exige bien du temps répond de ne pas compromettre. Adieu, ma chère princesse ; vous êtes bien sûre de mon exactitude à vous écrire.


Lausanne, 29 juillet.

Que de peines vous aurez encore éprouvées, ma chère princesse, depuis votre dernière lettre ! le prince d’Hénin, Mme de Biron… et la terreur qui s’augmente à tous les instans davantage ! Depuis le 11 juillet, je n’ai pas de nouvelles de ce que nous aimons. J’ai mandé à Charles que son amie était transférée à la Conciergerie, et que j’avois envoyé