toute leur correspondance. C’est à eux que je dédie mon travail de bibliophile et c’est encore à leur amitié que je fais appel afin d’être aidé et soutenu dans cette tâche.
MAURICE SAND.
Paris-Passy, 15 décembre 1880.
Nohant, 24 février 1815.
Oh ! oui, chère maman, je t’embrasse, je t’attends, je te désire et je meurs d’impatience de te voir ici. Mon Dieu ! comme tu es inquiète de moi ! Rassure-toi, chère petite maman. Je me porte à merveille. Je profite du beau temps. Je me promène, je cours, je vas, je viens, je m’amuse. Je mange bien, je dors mieux encore et pense à toi plus encore.
Adieu, chère maman, ne sois donc point inquiète. Je t’embrasse de tout mon cœur.
AURORE.
(17 mars 1824)[1].
Je suis enchantée d’apprendre que vous vous portiez mieux, chère petite maman, et j’espère bien qu’à l’heure où j’écris, vous êtes tout à fait guérie, du moins je le désire de tout mon cœur et si je le pouvais, je vous rendrais vos quinze ans, chose qui vous ferait grand plaisir ainsi qu’à bien d’autres.
Vous avez pris bien de l’embarras de sevrer un gros garçon comme Oscar, et vous avez rendu à Caroline un vrai service de mère. Le mien n’a plus besoin de nourrice, il est sevré. C’est peut-être un peu tôt ; mais il préfère la soupe, l’eau et le vin à tout et en ne cherchant pas à téter, mon lait a diminué, sans que ni lui ni moi ne nous en appercevions. Il est superbe de graisse et de fraîcheur, il a des couleurs très vives, l’air très décidé et le caractère idem. Il n’a toujours que six dents, mais il s’en sert bien pour manger du pain, des œufs, de la galette, de la viande, enfin tout ce qu’il peut attraper. Il mord comme un petit chien les mains qui l’ennuient en voulant le coefler, etc. il pose très bien ses pieds pour marcher, mais il est encore trop jeune pour courir après Oscar ; dans un an ou deux, ils se battront pour leurs joujoux.
J’espère, ma chère maman, que le désir que vous me témoignez
- ↑ Je ne sais pas la date. Nous sommes le deuxième dimanche de carême.