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les Vrais Principes de l’église gallicane, où l’infaillibilité du souverain pontife était subordonnée en matière de doctrines au consentement de l’église universelle. Un député qui avait une certaine notoriété et qui était suspect de jansénisme, M. Agier, s’était élevé contre les congrégations et les tendances nouvelles du catholicisme. Mgr’ de Frayssinous prit la parole et prononça deux discours très étendus qu’il faut lire en entier si l’on veut connaître à fond cette bataille dont nous voudrions raconter avec sincérité les incidens. Ce sont des modèles d’éloquence ecclésiastique, avec une onction et une mesure que nos discussions politiques ne peuvent plus comporter. C’était la dernière fois que la tribune française devait entendre, d’une bouche aussi autorisée, un exposé aussi méthodique de questions si importantes pour l’avenir religieux de notre pays.

« Sans dissimuler ma pensée, déclara dès le début l’orateur, je ne dirai rien qui ne doive être dit, et j’ose me croire aussi incapable d’exagération que de pusillanimité. »

Il parla d’abord des doctrines gallicanes, celles de l’ancien clergé de France, si renommé dans le monde entier par ses lumières, celles de l’antique Sorbonne, cette école de théologie la plus célèbre de l’univers, celles de la magistrature dans ce qu’elle avait eu de plus vénérable par la science et la gravité des mœurs. Il affirma que l’Évangile s’adaptait à toutes les formes de gouvernement qu’il trouvait établies, et qu’il avait sanctifié les républiques comme les monarchies.

Jusqu’à cet exorde, la chambre, tout en prêtant une attention bienveillante, ne s’était pas passionnée. Mgr d’Hermopolis examinant si, comme on l’en accusait, l’esprit de domination et d’envahissement du clergé se trouvait dans les influences secrètes, vint à parler de la congrégation. Il en retraça l’origine et l’histoire. Il fit une distinction entre l’œuvre de l’abbé Legris-Duval et l’association politique des chevaliers de l’anneau : il ne nia pas, sans le constater pourtant, que des intrigans avaient pu se mêler dans les rangs de la congrégation. Mais pour lui-même, l’évêque attesta qu’il n’avait jamais senti le joug de cet empire mystérieux.

Il entretint ensuite la chambre, de plus en plus attentive, des missions intérieures. Il reconnut qu’à mesure que le clergé ordinaire se multiplierait et qu’il y aurait un nombre suffisant de pasteurs, on pourrait voir successivement diminuer les missions qui effrayaient les esprits susceptibles. Le premier discours, très habile, se terminait par une déclaration politique sur les craintes des libéraux de voir le clergé reprendre les registres de l’état civil. « Ce n’est pas là, dit le représentant officiel du gallicanisme, ce que les