dans l’état de la législation, une maison de jésuites ne pouvait être autorisée que par une loi, mais que rien ne s’opposait à ce que les prêtres français exerçassent des fonctions que leurs évêques croyaient devoir leur conférer. Mgr Frayssinous, en terminant, demanda à la chambre de passer à l’ordre du jour.
M. Pasquier, dont l’esprit, d’une lignée vraiment française, était toujours prêt, improvisa une de ces répliques dans lesquelles il excellait. Son argumentation très serrée consistait à dire que si le rétablissement des jésuites était un bienfait, le ministère n’avait qu’à proposer une loi, que jusque-là cet établissement était une infraction à la législation, et que la tolérance dont la société de Jésus jouissait était plus dangereuse qu’une franche autorisation.
La chambre des pairs, à une grande majorité, refusa de passer à l’ordre du jour et vota le renvoi de la pétition au ministre.
De retour à Randanne, après quelques semaines de séjour à Paris chez la duchesse de Montebello avec qui il était lié, Montlosier prit connaissance de ces débats. Il ne partagea pas la joie de ses amis quand il lut leurs éloquens discours et quand il apprit le résultat qu’on avait obtenu. Il fut d’abord tout entier à une polémique avec le duc de Fitz-James. Non content de son discours agressif, le noble pair avait écrit au Journal des Débats une lettre non moins violente. Montlosier crut devoir adresser à trois de ses amis, au général Becker, à M. Lainé et au baron Prosper de Barante, une réponse à l’accusation lancée contre lui ; nous en donnerons les portions les plus intéressantes.
Randanne, 8 février 1827.
« La conduite de M. le duc de Fitz-James avait déjà excité mon étonnement ; sa lettre au Journal des Débats, qui vient de me parvenir, m’étonne plus encore. Un trait de cette lettre a particulièrement appelé mon attention : M. de Montlosier me comprendra sans doute… Je puis vous le dire et vous me croirez sûrement, je parle toutes les langues que peut parler M. de Fitz-James, quelque idiome qu’il lui plaise de choisir. Mais les guerres privées ont aussi leur droit des gens. Dans l’intérieur de la chambre des pairs, je sais tout ce que je dois comme pétitionnaire à M. le duc de Fitz-James. Là, s’il énonce un reproche et que ce reproche porte sur ma pétition il est dans son droit, je suis son justiciable. Hors de la chambre et hors de ma pétition, il n’en est pas de même. En fait d’honneur et de devoir, je pense sans trop m’enorgueillir que mon opinion a autant d’autorité que la sienne. À cause de mon âge avancé, on ne voudrait pas se donner le tort de me provoquer ; on espère m’engager moi-même à des provocations.