contre les contre venans par les lieutenans-généraux, gouverneurs, seneschaux, baillis, juges, officiers et autres (sine ulla juris judiciique formula).
En entendant proclamer et voyant pratiquer, deux siècles à l’avance, l’option sinistre : « Fraternité ou la mort ! » les honnêtes gens étaient-ils si coupables de gémir, si imprévoyans de prendre le deuil ?
La tolérance d’ailleurs était, au XVIe siècle, une vertu inconnue. Pas plus que Ramus, Charpentier n’avait devancé son temps. Cent ans plus tard, deux adversaires, tous deux dignes de respect, Claude et Bossuet, opposés sur tous les points, se trouvent d’accord sur un seul; la tolérance religieuse leur fait horreur, et tous deux la regardent comme une abomination et un crime. « On voit passer dans les mains de tout le monde, dit Claude, les pièces qui établissent la tolérance universelle, laquelle enferme la tolérance pour le socinianisme, et l’on voit les tristes progrès que ces méchantes maximes font sur les esprits ; il est temps d’aller aux remèdes. »
« On voit, répond Bossuet, la grandeur du mal. »
Reprocher à un homme les sentimens de son siècle, c’est accuser son époque et non lui.
L’épithète de caméléon est motivée. Lambin, c’est son grand tort aux yeux de Charpentier, a publié une édition de Cornélius Nepos, où, dans les Vies des grands hommes de la Grèce, il veut puiser des enseignemens et prétend chercher des exemples. Charpentier, persuadé que chacun doit dire franchement son avis, et qui toujours a dit le sien très haut, ne reproche nullement à Lambin d’en faire autant, mais d’être au nombre de ces politiques qui tenant les choses en balance, « favorisant tantôt l’un tantôt l’autre parti, suivent le vent de la fortune et n’oyent la messe que d’un genou. » Lambin, à cette époque, malgré la pénurie du trésor royal, sollicitait la mission d’imprimer les historiens latins avec une pension de « six cents livres, » lui-même avait fixé le chiffre et reçu du roi une vague promesse. Charpentier l’accuse de suivre l’opinion changeante du jeune monarque. Lambin trouve en effet, dans la Vie d’Hamilcar, au dernier chapitre du livre, des enseignemens tout autres que dans celle de Miltiade, placée en tête. En le nommant caméléon, sans insinuer, comme je viens de le faire, le motif possible de son opportunisme. Charpentier dépasse-t-il les bornes?
Dans les discordes civiles, dit Lambin à l’occasion de Thémistocle, un bon citoyenne doit pas suivre le conseil de Solon. Les fauteurs de tumulte, dans la république, sont des malades, c’est la partie saine qui procurera la guérison, il faut la conserver, et c’est en gardant, pour son compte, un esprit sain dans un corps à l’abri