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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 44.djvu/382

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dévouées à la même cause que lui. « Le fort de Bannes, leur écrivait-il, est au pouvoir de l’armée depuis onze heures. » Il leur ordonnait aussi de faire partir sur-le-champ des hommes armés, fixant l’effectif que chacune d’elles était tenue de fournir au rassemblement général qui se formait dans la vallée de Jalès, et il ajoutait : « lui déclarant que, faute par elle de le faire, elle sera déclarée responsable de tous les excès auxquels les protestans pour- raient se porter. » En même temps, il faisait dire de tous côtés que « les patriotes qui annonçaient du repentir pouvaient se présenter à son camp, armés de leurs fusils, et qu’ils y seraient bien reçus. » Mais ces invitations restaient vaines, et, le 10 juillet, le commandant en second de l’armée royale agissant seul, contrairement aux ordres de son général en chef, sans y avoir été autorisé par les princes, sans s’être concerté avec les contre-révolutionnaires des départemens voisins, n’avait pu réunir autour de lui plus de quinze cents hommes.

Le lendemain, dès l’aube, les forces envoyées par le département du Gard, rassemblées à Saint-Ambroix, se mettaient en route, sous le commandement du général d’Albignac, qui était revenu la veille de Joyeuse. C’est sur cette ville qu’elles allaient se porter, en traversant la vallée de Jalès. Elles devaient occuper au passage Saint-André-de-Cruzières, qui, par sa situation, commandait la vallée ; y laisser quatre cents hommes et deux pièces de canon, descendre ensuite sur le château de Jalès, s’en emparer, s’emparer aussi de Beaulieu d’abord, de Berrias ensuite, et en général de tous les postes importans qu’elles trouveraient sur leur chemin. A Berrias, elles seraient attendues par quatre cents hommes de l’Ardèche, restés eux-mêmes en communication directe avec Joyeuse, de telle sorte que le comte de Saillans, séparé des divers détachemens qu’il avait expédiés de toutes parts se trouvait cerné et réduit à la seule possession du château de Bannes, où il serait prisonnier.

Ce plan s’exécuta complètement, mais non sans coup férir. La petite armée du Gard, avant d’arriver à Saint-André-de-Cruzières, rencontra aux abords de ce village, sur la montagne de Saint-Brès, une bande nombreuse retranchée dans les gorges pour lui disputer le passage. Le combat s’engagea sur-le-champ et ne dura pas moins de trois heures. Le comte de Saillans avait envoyé là le meilleur de ses troupes, l’élite de ses officiers sous les ordres du chevalier de Melon et de Dominique Allier. La lutte devint acharnée. Les chefs royalistes furent héroïques. Ils communiquèrent à leurs soldats quelque chose de leur intrépidité. Il fallut employer le canon pour détruire les retranchemens derrière lesquels ils se défendaient. On y parvint, non sans peine. Cette ligne détruite, ils étaient à la merci de leurs ennemis. Ceux-ci s’élancèrent, gravirent la montagne