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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 44.djvu/435

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conserve eussent dû souvent ranger des berges hautes, recouvertes de buissons épais d’où on eût pu leur faire impunément beaucoup de mal. L’Augustine, qui sondait continuellement pour guider la canonnière, s’était trouvée souvent dominée de manière à n’avoir personne à l’abri. On ne pouvait s’expliquer cette modération de la part des libéraux que par la crainte de voir le commandant Cloué prendre contre Tlacotalpam des mesures de représailles, si on lui tuait du monde sur la Diligente et l’Augustine. En résumé, la course de ces deux petits bâtimens jusqu’à Casamoloapam, n’apportait aucune espèce de nouvelle de la colonne Testard. Toutes les communications étaient gardées par terre, de manière à nous laisser dans l’ignorance la plus complète de ce qui se passait dans le pays. Quelques pauvres gens auxquels on avait parlé, ou ne savaient rien, ou ne disaient rien par suite de la défense d’avoir aucune communication avec nous, sous les peines les plus sévères. Le général Alejandro Garcia avait en effet proclamé que les relations qu’on aurait avec nous, même les plus innocentes, feraient encourir la peine de mort. Le 27 au soir seulement, après le retour de la Diligente, une pirogue passant le long du bord apprit au commandant Cloué que la colonne Testard était arrivée à Casamoloapam. Le commandant fit aussitôt repartir la Diligente et occupa Tlacotalpam. Il s’y installait quand il reçut du capitaine Testard un billet ainsi conçu : « Je suis à Casamoloapam. J’ai détruit de nombreux ouvrages. Je crois utile de laisser une troupe assez forte à Casamoloapam qui peut être tourné. Il y a une grande crainte dans le pays. Les troupes sont très fatiguées. » Le commandant lui écrivit de laisser à Casamoloapam ce qu’il jugerait convenable de son monde et de venir avec le reste à Tlacotalpam.

La colonne du capitaine Testard arriva tout entière le 30 mars, au matin. Dès qu’il n’avait plus jugé la présence d’un petit corps nécessaire à Casamoloapam pour assurer ses derrières, le capitaine l’avait en effet rappelé à lui. Il n’avait rencontré sur sa route aucune résistance, bien que plusieurs points eussent été tout récemment fortifiés comme si l’ennemi avait voulu s’y maintenir. Il est probable que les libéraux, après avoir laissé à dessein ce passage libre, se reformaient derrière. On venait d’apprendre que le lendemain du départ du détachement de Casamoloapam, l’ennemi était rentré dans la place. En même temps que la colonne Testard, le commandant avait reçu de Vera-Cruz, par Alvarado, la troupe régulière mexicaine du colonel Camacho. C’étaient cent quarante hommes, mais privés de tout. Ils n’avaient ni sergens, ni caporaux, ce qui rendait leur emploi très difficile. Il y avait bien un fusil par homme, mais les cartouches n’étaient pas de calibre. Les fusils étaient rayés, et les cartouches à balle ronde, trop petite. Ces fusils