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recherches pour lesquelles on les avait convoqués ne pouvaient avoir d’autre but que des monceaux d’or et d’argent, et ils durent mépriser quelque peu les sortilèges de M. Humann en voyant qu’on trouvait seulement ces grosses pierres sculptées dont ils avaient sans doute autrefois jeté plus d’une dans le four à chaux. Quant à M. Humann lui-même, les espérances les plus brillantes qu’il avait pu concevoir furent certainement dépassées. Un mois après l’ouverture des premières tranchées, l’emplacement de l’autel était reconnu et vingt-trois grandes plaques de marbre, revêtues de bas-reliefs, avaient été découvertes. Commencées en septembre 1878, les fouilles continuèrent jusqu’au mois de mai suivant; à cette époque, le nombre des plaques sculptées s’élevait à cent trente, et un nombre considérable de statues et de sculptures de tout genre gisait sur le sol de la citadelle des Attalides.

En même temps que l’autel de Jupiter, L. Humann avait attaqué deux autres points de l’acropole. Des ruines considérables situées à l’extrémité sud avaient déjà attiré l’attention des voyageurs; mais ils avaient dû se borner à émettre des suppositions fondées sur des données un peu vagues. Les fouilles ne tardèrent pas à faire connaître que l’on était en présence d’un gymnase. On sait l’importance qu’avaient ces établissemens dans la vie des Grecs. Chaque ville en possédait au moins un, et ils étaient souvent construits avec le plus grand luxe. Celui de Pergame était édifié sur une terrasse longue de 250 mètres, large de 70, qui reposait en partie sur une énorme muraille de soutènement : il se composait d’une série de cours et d’appartemens de toutes les grandeurs destinés aux différens exercices en usage chez les anciens. La partie la plus importante était une cour rectangulaire, ouverte du côté qui regarde la plaine du Caïque, et fermée des trois autres par une large galerie où l’on pouvait s’abriter en cas de mauvais temps. On a trouvé par derrière les restes d’une salle mi-circulaire, une sorte de vaste exèdre ayant exactement la forme d’un petit théâtre, dont l’affectation n’est pas déterminée. Nous savons par le témoignage des auteurs qu’à côté des exercices du corps, les jeux de l’esprit n’étaient pas dédaignés dans les gymnases. Peut-être la rotonde en question était-elle consacrée à des conférences ou à des lectures publiques, dont la mode s’était répandue dans l’empire romain à l’époque impériale. Le gymnase de Pergame était, sous le rapport de l’administration, confié à un magistrat appelé gymnasiarque. A l’époque romaine, où la manie de dresser des statues sévissait avec fureur, on honorait ainsi la mémoire de ceux d’entre ces fonctionnaires qui s’étaient le mieux acquittés de leurs charges. Il est vrai de dire que le directeur du gymnase de Pergame