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marbre déterrés par les terrassiers, il est parvenu à dégager certaines conclusions qui ne semblent pas contestables. Il a été surtout aidé dans son travail par les lettres que les maçons avaient coutume de marquer sur les pierres et qui lui ont permis de déterminer à coup sûr la place relative de telle moulure, de telle corniche, dont il eût été sans doute impossible de reconnaître autrement la position.

Le monument reposait sur une terrasse à peu près carrée de 70 mètres de côté environ. Pour établir cette aire, il avait fallu, à cause de la déclivité du sol, creuser dans la roche vive au nord, et du côté sud au contraire faire de puissans travaux de soutènement. Au centre, circonscrits dans un carré de 30 mètres de côté, sont les fondemens mêmes de l’édifice. Eût-on voulu ériger une pyramide comme celle de l’Egypte qu’ils n’eussent pas été plus solidement construits. D’épaisses murailles posées sur le roc se croisent à angle droit, formant une sorte de damier. Sur cette base puissante reposaient les premières assises de l’autel de Jupiter. Le monument avait deux étages, dont le premier consistait en un soubassement de 5 mètres de hauteur; une large plinthe en marbre lisse, élevée par deux ou trois marches au-dessus du niveau du sol, en occupe la partie inférieure. A 2 mètres 1/2 environ de la terre, séparée de la plinthe par quelques moulures, se dressait la grande frise, haute de 2m, 30, représentant le combat des dieux et des géans. Une large corniche la surmontait, s’avançant assez pour dépasser les parties les plus saillantes des sculptures, qu’elle protégeait ainsi, dans une certaine mesure, contre les intempéries. — L’étage supérieur consistait en une galerie d’élégantes colonnes ioniques qui entourait la plate-forme formée par le soubassement qu’on vient de décrire. L’autel proprement dit, où l’on faisait les sacrifices au dieu, devait être placé au milieu de cette sorte de cour élevée ; on y accédait par un large escalier, pénétrant du côté sud dans le corps même de l’édifice et en atteignant précisément le niveau supérieur dans l’alignement de la face intérieure de la galerie ionique, interrompue pour lui faire place. La frise sculptée était également coupée par l’escalier; mais les sculptures n’étaient pas brusquement arrêtées pour cela; elles se prolongeaient sur les parois latérales de la rampe, et les degrés les entamaient successivement jusqu’à ce qu’ils en atteignissent le niveau supérieur. C’est même la découverte de bas-reliefs dont la forme indiquait qu’ils avaient reposé sur les marches d’un escalier qui a été un des plus utiles élémens de la reconstruction du plan d’ensemble de l’édifice.

La guerre des dieux et des géans est une de ces légendes qu’on