Jésus. Elle entrait dans l’enseignement des docteurs, et on la retrouve dans le Talmud. Il y a dans le Traité des Berakhoth une variante de la parabole des ouvriers de la onzième heure (Matthieu, XX, 1) ; c’est à propos d’un docteur qui était mort jeune, mais plein de mérites : « A quoi ressemble le cas de R. Boun bar R Hyia (R. signifie Rabbi)? A un roi qui aurait engagé à son service beaucoup d’ouvriers, dont l’un était plus actif à son travail. En voyant cela, que fait le roi? Il l’emmène, et fait avec lui des promenades en long et en large. Au soir, les ouvriers arrivent pour se faire payer, et il paie également au complet celui avec lequel il s’était promené. À cette vue, ses compagnons se plaignent en disant : Nous nous sommes fatigués au travail toute la journée, et celui qui ne s’est donné de la peine que pendant deux heures reçoit autant de salaire que nous. — C’est que, répondit le roi, celui-ci a accompli davantage en deux heures que vous dans une journée entière. » (Traduction Schwab 1871, page 48.) Cette parabole est beaucoup plus raisonnable et plus équitable que celle de l’évangile ; mais il n’y a pas beaucoup d’agrément dans le récit, ni là ni ailleurs et le peu de paraboles talmudiques que je connais sont exposées d’une manière sèche[1]
C’est encore un trait remarquable dans les discours de Jésus que le bonheur de ses réponses à ceux qui veulent l’embarrasser, et a façon dont il se dégage des difficultés par l’élévation tout ensemble et par la finesse de sa pensée. On lui demande en vertu de quelle autorité il fait ce qu’il fait; il dit : «Moi aussi, j’ai une question à vous faire. Répondez-moi, et je vous dirai ensuite par quelle autorité j’agis. Le baptême de Jean était-il du ciel ou des hommes? » Ils n’osent répondre, de peur de blesser Hérode ou de me contenter la foule et ils disent : «Nous ne savons. » Et Jésus reprend : «Moi non plus, je n’ai pas à m’expliquer. » (XI, 28-33.) Et quand on le presse de dire s’il faut payer l’impôt à César, on sait comment il échappe à ce piège: « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (XII, 17)[2]. Qu’on voie encore ses réponses sur Satan qui se combat lui-même (III, 26) ; sur la femme aux sept maris (XII, 19-25), etc. Il y a là quelque chose de semblable à ce que n us admirons dans plusieurs réponses de Jeanne d’Arc devant ses juges. Quand elle dit qu’elle a vu saint Michel, ils croient embarrasser sa pudeur en lui demandant s’il était nu; elle dit simplement: «Vous figurez-vous donc que Dieu n’ait pas de quoi l’habiller?» On veut qu’elle dise si elle prétend être en état de grâce,