des métaux précieux n’occupe pas plus le public, car il n’est pas de question qui touche de plus près à tous les intérêts. Si on expulse partout de la circulation l’argent au moment où la production de l’or diminue, il s’ensuivra une grande baisse des prix et une aggravation de toutes les dettes à longue échéance, qui accablera les contribuables au profit des rentiers, et qui peut produire ainsi, après une série de crises sourdes et persistantes, comme celle que nous venons de traverser, un appauvrissement général de tous ceux qui sont engagés dans l’œuvre de la production. Je ne connais rien de plus affligeant que ce mouvement « anti-sémitique, » ce Judenhetze, dirigé contre la race la plus intelligente, la mieux douée et, en somme, la première de toutes. Mais si on en cherche bien la raison, on trouvera qu’elle est une protestation contre la prélibation qui s’opère sur l’agriculture et l’industrie au profit du rentier oisif qui spécule, accumule et règne sur le monde économique. Diminuez les prix, et la puissance de l’or s’accroîtra à proportion et au détriment de l’industrie et de l’agriculture, car pour payer l’intérêt, il faudra livrer beaucoup plus de denrées qu’auparavant.
J’ai indiqué quelques-unes des questions que M. Leslie a grandement contribué à élucider en ces dernières années. Il en est d’autres encore, comme celles de la population et de l’utilitarisme, qu’il a touchées avec non moins de finesse d’esprit et de justesse.
Je ne puis finir cependant sans marquer où ma manière de voir diffère de la sienne. M. Leslie n’est pas positiviste : il ne se soumet pas aux prétendues lois naturelles, mais la méthode historique, qu’il emploie avec tant de sûreté, le porte à trop négliger, — c’est du moins mon avis, — la recherche du but à atteindre et du bien à réaliser. Dans un intéressant travail sur les tendances de l’économie politique aux États-Unis, il reproche aux économistes américains d’admettre dans leur science un élément théologique. Buckle prétend que la philosophie politique s’est séparée de la théologie dès la fin du siècle dernier, et Roscher affirme que la séparation s’est faite bien plus tôt encore en Allemagne. M. Leslie fait remarquer que le divorce n’a pas été aussi complet que le disent ces deux auteurs, et il cite comme exemple les écrits économiques de l’archevêque Whately, où des considérations théologiques interviennent fréquemment, mais il montre que les économistes américains les emploient d’une tout autre manière, en invoquant à chaque instant les desseins de la Providence à l’appui de leurs thèses. J’avoue que c’est là faire un très mauvais usage de la théologie. Ainsi M. Perry, dans son livré Elements of the political Economy, qui est arrivé à sa quatorzième édition, fonde sa théorie de la valeur sur cette proposition que « Dieu donne et ne vend pas, » Un autre