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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 44.djvu/700

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ce dernier porte bien la greffe d’aramon, alors la viticulture ne rencontrera plus d’obstacle sur le chemin de la prospérité, — et je n’admets pas ce que dit M. Prosper de Lafitte des 70 hectolitres remplaçant les 300 sur les porte-greffes, car je sais des exemples du contraire[1], — et celui pris chez M. Pagézy ne prouverait rien, si, comme je le crois, ses aramons sont greffés sur clinton; ce dérivé du cordifolia, non-seulement ne prospère pas, mais il ne vit pas dans. notre région; peut-être se comporte-t-il mieux chez M. Pagézy, mais en tout cas la réputation du Clinton est trop mauvaise pour pouvoir nuire à celle des plants greffés. Quant au doute émis sur la durée des riparias, il l’est peut-être légèrement. Ce doute est né à côté des pleins succès du vialla et les variétés de riparias sont si inégales de valeur et si nombreuses (un méticuleux et savant observateur en a compté trois cents et plus nées d’hybridations infinies dans les forêts d’Amérique), que je ne m’en inquiète nullement. De ces buissons grimpans on peut séparer quelques belles variétés bien caractérisées, bien suivies, — les unes, les glabres, s’accommodant de la sécheresse des coteaux, d’autres, pubescentes, préférant les plaines profondes. Ces riparias à peu près purs donneront de beaux résultats, et si le vialla est d’une adaptation plus générale, si son nom français satisfait l’esprit national, ce n’est pas une raison pour le soutenir aux dépens du riparia. Cette partialité n’augmenterait pas sa résistance si elle n’était complète, — et ce cépage nous est arrivé sous des auspices si éclairés, si respectés, qu’il n’y a qu’à le laisser faire pour qu’il se place à la tête des porte-greffes heureux.

Je me réjouis comme propriétaire de ne pas partager les craintes de M. Prosper de Lafitte; elles sont contraires à tout ce que je vois et à tout ce que j’ai expérimenté ; c’est dans le désir de rendre service à la viticulture et en n3 me qualifiant que de grape-grower for profit que je suis venue combattre un très spirituel touriste agricole.


LÖWENHJELM, duchesse de Fitz-James.

  1. Des riparias plantés en bouture en 1876 et greffés en 1877 en aramon ont produit cette année en moyenne 16 kilogrammes de raisins par pied. En prenant pour moyenne 12 kilogrammes pour des pieds âgés de trois à six ans, nous aurions 28,000 kilogrammes de raisins à l’hectare, par conséquent en déduisant 4,000 litres de marc, 240 hectolitres de vin. — Nous sommes loin des 70 hectolitres dont M. de Lafitte nous menace.