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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 44.djvu/704

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of humanity. » Il a réfuté tous les jugemens injurieux qu’on avait portés sur ses cliens. Si leurs maisons sont fort simples, c’est qu’ils les bâtissent de leurs mains, se servant à eux-mêmes de charpentiers et de maçons. Si leurs appartemens n’ont pas de planchers, c’est que, pour avoir des planches, ils doivent les faire venir à grands frais de Natal ou de Cape-Town. Si leurs habitudes sont un peu sordides, c’est qu’ils se souviennent des leçons d’abstinence que leur ont données les déserts où ils ont si longtemps cheminé. S’ils économisent les bouts de chandelle, c’est que, dans leurs tristes odyssées, ils n’avaient pas d’autres lampes qu’un morceau de chiffon trempé dans la graisse d’un animal fraîchement égorgé. S’ils ne cultivent qu’une faible partie de leurs vastes domaines et se contentent de récolter le grain qu’il suffit à leur subsistance, c’est qu’il n’y a pas de marchés dans leur voisinage, que les distances sont énormes et les transports infiniment coûteux. Si on les accuse d’être inhumains pour les indigènes, durs pour leurs serviteurs, c’est qu’on les calomnie, car les noirs qui les servent refusent de changer de maître et leur font l’amitié d’apprendre leur langue, tandis que l’Anglais du Cap, pour avoir commerce avec ses domestiques, est obligé d’apprendre le cafre à la sueur de son front.

M. Aylward affirme que les Hollandais de l’Afrique australe ne sont pas des êtres hostiles à tout progrès, qu’à mesure qu’ils s’enrichissent, ils perfectionnent leurs maisons, qu’elles finiront par avoir des plafonds et des planchers. Il vante l’intelligence éveillée et l’ouverture d’esprit de leurs enfans, l’ardeur que mettent les petits Boers à se débourrer et à se dégauchir. Il affirme aussi qu’il n’en faut pas croire les spéculateurs et les aventuriers sur les richesses naturelles du Transvaal, que les gens qui veulent faire grand doivent s’en aller en Australie et dans la Nouvelle-Zélande, que la terre africaine est dure à mettre en valeur, que la méthode pratiquée par ces paysans dont on se moque est la bonne, qu’ils font plus pour le progrès que tous les aventuriers qui les plaisantent, que tout colon anglais qui veut réussir doit prendre exemple sur eux et tâcher de devenir « un Boer, un Boer riche, un Boer à la main heureuse, un Boer bien lavé et bien habillé, mais un Boer enfin, un vrai Boer. » — « Si j’étais, nous dit-il, un fermier anglais possédant quelques ressources, mais pas assez pour fournir aux besoins grandissans de ma famille croissante, je m’en irais volontiers au Transvaal, dans ce vaste pays qui ne connaît ni les prétentions, ni le faste, ni la sotte et inflexible tyrannie de certaines conventions sociales. La gaîté qu’on y respire, l’économie qui y règne, sa stagnation même, tout m’y plairait. Je serais heureux dans une maison bâtie en briques sèches, dussé-je me passer de parquets pendant quelques années et apercevoir quelquefois au-dessus de mon étable, dans mon grenier, des serpens traîtreusement blottis parmi mes bottes d’avoine. Mes enfans auraient la santé en partage, un héritage assuré,