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imposer au ministre des finances de frapper et de mettre en circulation des espèces d’argent. Les nouveaux dollars, moins commodes que les espèces d’or ou que le papier-monnaie de l’état et refusés par l’étranger, revenaient invariablement dans les caisses publiques par le paiement des impôts. M. Hayes insistait donc pour que le congrès rapportât la loi qui imposait à la trésorerie de frapper mensuellement une quantité déterminée d’espèces d’argent; il demandait que le ministre des finances fût laissé maître d’étendre ou de restreindre ce monnayage suivant les besoins du public. Quant à l’établissement et au maintien du double étalon monétaire, M. Hayes annonçait qu’il continuait à négocier avec les gouvernemens européens pour obtenir la réunion d’une nouvelle conférence, un accord n’ayant pu s’établir dans la première. On sait que le refus de la Prusse empêcha ces négociations d’aboutir.

M. Hayes abordait pour la première fois et avec une résolution à laquelle il convient de rendre justice, la question de la suppression du papier-monnaie, qui deviendra, à un jour prochain, le champ de bataille des partis. La prospérité incontestable du pays et l’afflux continuel de l’or européen pouvaient seuls permettre de soulever une discussion sur ce point. Le président demandait au congrès de revenir sur la décision qui avait enjoint au ministre des finances de discontinuer tout retrait des assignats. Il invoquait le texte de la constitution fédérale qui interdit expressément la création de toute espèce de papier-monnaie. Au milieu des difficultés créées par la guerre civile et sous le coup de nécessités urgentes, les pouvoirs publics avaient dérogé aux prescriptions de la constitution en créant les greenbacks et en leur donnant un cours forcé, mais comme le crédit de l’état était rétabli et que le gouvernement faisait aisément face à toutes ses dépenses à l’aide des revenus publics, le président estimait qu’il était temps de rentrer dans la règle et de revenir à la stricte observation du pacte constitutionnel en retirant le papier-monnaie encore en circulation. M. Hayes n’indiquait point à l’aide de quelles ressources cette opération pouvait s’effectuer, mais dans le rapport joint au message, le ministre des finances proposait d’appliquer à la diminution de la dette publique l’excédent de recettes que devait laisser l’exercice en cours, et l’excédent plus considérable encore qui était prévu pour l’exercice suivant. M. Sherman, qui était partisan du double étalon monétaire, avait d’ailleurs toujours pensé que le seul moyen de faire une place à l’argent dans la circulation était d’employer le dollar d’argent et ses subdivisions à retirer les petites-coupures du papier-monnaie.

Le président annonçait que la totalité des rentes 5 et 6 pour 100,