Pour bien juger le caractère de la paix de 1814, il faut considérer l’impression qu’elle fit sur les peuples alliés. L’empereur
Alexandre à Saint-Pétersbourg, le roi de Prusse à Berlin, furent
non-seulement reçus avec froideur, mais reçus avec mécontentement et par des murmures, parce que le traité du 30 mai ne remplissait pas les espérances de leurs sujets. La France avait levé
partout d’immenses contributions de guerre, on s’était attendu à ce
qu’il en serait levé sur elle; elle n’en eut aucune à payer ; elle
resta en possession de tous les objets d’art qu’elle avait conquis;
tous ses monumens furent respectés, et il est vrai de dire qu’elle
fut traitée avec une modération dont aucune époque de l’histoire
n’offre d’exemples dans des circonstances semblables<ref> On sait que les événemens de 1815 furent suivis d’un second traité de Paris (novembre), qui changea beaucoup la situation que dépeint Talleyrand. Voici ce que M. Henri Martin dit du rôle de M. de Talleyrand à l’occasion du pillage du Louvre par les alliés, sous la seconde restauration :
« Les grandes puissances étant les moins intéressées dans la question, on eût probablement, en négociant, obtenu de conserver tout au moins une partie de ces trésors d’art. Mais Talleyrand, qui sentait bien qu’il ne resterait pas longtemps ministre des affaires étrangères, affecta une raideur fort éloignée de ses habitudes, et ne voulut point encourir l’impopularité d’une transaction à ce sujet. Le roi était dans le même sentiment. On ne traita pas, et les alliés, agissant d’autorité, mirent le Louvre au pillage. » </<ref>.
Tous les intérêts directs de la France avaient été réglés, tandis que ceux des autres états étaient restés subordonnés aux décisions