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ne se permît pas d’autres combinaisons, je ne pourrais pas dire que l’Autriche, qui, je crois, le veut aussi, y portât la même chaleur, et que la Prusse ne mît pas en première ligne des idées d’agrandissement pour elle.

Ne serait-il pas possible qu’au moment où les armées étrangères vont entrer en France, Votre Majesté adressât à ses sujets une seconde déclaration qui ménagerait avec soin l’amour-propre français, qui veut, et avec raison, que rien, pas même ce qu’il désire, ne lui soit imposé par les étrangers? Cette déclaration, s’adressant d’abord à l’opinion que Buonaparte cherche à égarer sur la cause et sur l’objet de la guerre actuelle, pourrait dire que ce n’est point pour l’intérêt de Votre Majesté que les puissances étrangères l’ont entreprise, parce qu’elles savent que la France n’a besoin que d’être soustraite à l’oppression, mais que c’est pour leur propre sûreté ; qu’elles ne l’auraient point faite si elles n’avaient été persuadées que l’Europe serait menacée des plus grands malheurs tant que l’homme qui l’en avait, depuis si longtemps, accablée, serait maître de la France; que la cause de la guerre est donc uniquement le retour de cet homme en France, et son objet principal et immédiat de lui arracher le pouvoir dont il s’est emparé; que pour adoucir les maux de la guerre, pour en prévenir les désastres lorsqu’ils pourront l’être, pour arrêter les dévastations. Votre Majesté, entourée de Français, se place comme intermédiaire entre les souverains étrangers et son peuple, espérant que les égards dont elle peut être l’objet tourneront ainsi à l’avantage de ses états; que c’est la seule position qu’elle veuille prendre pendant la guerre et qu’elle ne veut point que les princes de sa maison y prennent, avec les armées étrangères, aucune part.