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PINDARE

La Poésie de Pindare et les Lois du lyrisme grec, par Alfred Croiset, maître de conférences à la Faculté des lettres de Paris ; Paris, 1880.

Le début presque obligé d’une étude sur Pindare, c’est la mention des témoignages de l’admiration antique : Pindare, le premier de beaucoup des neuf poètes reconnus pour les maîtres du lyrisme grec ; Pindare, le cygne de Dircé au vol hardi, Pindare l’inimitable, l’égal d’Homère et de Sophocle. On se rappelle aussi que, même de son vivant, il jouit d’une gloire dont l’éclat ne fut terni par aucun nuage ; que sa longue carrière ne fut, pour ainsi dire, qu’un triomphe, mené depuis Syracuse jusqu’à Cyrène, sur toute l’étendue du monde grec, où tant de jalousies et de haines, de différences politiques et de divisions profondes, encore accrues par la terrible secousse des invasions médiques, vinrent se perdre dans un concert de louanges enthousiastes. Pourquoi aller chercher ces souvenirs, au lieu de nous adresser directement aux œuvres du poète ? Serait-ce qu’elles nous sont parvenues trop incomplètes pour que nous puissions les apprécier ? Il est vrai que nous sommes privés de la plus grande partie des poèmes de Pindare. Toutes ces formes de chants religieux que l’on désignait par les noms d’hymnes, de péans, d’hyporchèmes, de dithyrambes, de prosodies (chants de procession), de parthénies (chants pour des chœurs de jeunes filles), étaient représentées dans l’ensemble de ses compositions ; il avait fait des éloges, des thrènes (chants funèbres), des scolies (chansons de table). Cette variété de production poétique ne nous est connue que par des fragmens qui ne peuvent nous en donner qu’une idée très-insuffisante. Mais il se trouve que le temps a précisément épargné les poèmes sur lesquels s’était particulièrement fondée sa gloire dans l’antiquité, ceux que se disputaient avec le plus d’ardeur les principales cités de la Grèce. Les pièces ne manquent donc point au procès, et si nous hésitons à juger par nous-mêmes, c’est sans doute que nous nous défions de notre sentiment ou de notre intelligence. Il semble que nous éprouvions