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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 44.djvu/86

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voté tout d’une voix. La lettre par laquelle M. Garfield accepta officiellement la candidature ne fut qu’une longue paraphrase du programme de Chicago : le candidat invoquait ses votes au congrès comme la preuve de sa fidélité aux principes du parti républicain et à la doctrine protectionniste.


II.

La convention démocratique se réunit le 22 juin à Cincinnati; aucune candidature appartenant au Sud ne se produisit; tout le monde reconnaissait, comme en 1876, la nécessité de choisir un homme du Nord dont l’impartialité vis-à-vis des nouveaux affranchis ne pût être l’objet d’un soupçon. Les candidats en présence étaient M. Hendricks, ancien gouverneur de l’Indiana, M. Thurman, sénateur pour l’Ohio, le général Hancock et M. Tilden. Les sympathies les plus nombreuses étaient acquises à ce dernier; mais le schisme qui avait éclaté au sein de la démocratie new-yorkaise et qui avait donné la victoire aux républicains aux élections de 1879 était plus profond que jamais. Le chef de la faction de Tammany-Hall, M. John Kelly, faisait partie de la délégation de New-York; il prit la parole dès la première séance et déclara au nom de ses amis qu’ils étaient prêts à voter et à lutter de toutes leurs forces en faveur de tel candidat qu’il plairait à la convention de désigner, mais qu’aucune considération ne pourrait, en aucun cas, les déterminer à donner leurs suffrages à M. Tilden. Bien que la faction de Tammany-Hall ne disposât que de 80,000 voix sur près d’un million d’électeurs, l’exemple de l’année précédente démontrait qu’elle tenait la balance entre les deux grands partis et que son hostilité rendrait le succès des démocrates impossible dans l’état de New-York, dont les suffrages étaient indispensables. Il fallait donc de toute nécessité sacrifier M. Tilden, et les amis de celui-ci ne posèrent même pas sa candidature. Le choix de la convention se porta donc presque sans discussion sur le général Hancock. L’appui de l’Indiana n’étant pas moins nécessaire aux démocrates que celui de New-York, il parut nécessaire de désigner pour la vice-présidence un citoyen de cet état. La candidature fut déférée au général William English, devenu le plus riche banquier de l’Indiana; les antécédens politiques de M. English étaient irréprochables ; avant la. rébellion, il avait siégé au congrès pendant huit ans comme free-soiler, c’est-à-dire comme adversaire de l’extension de l’esclavage, et il avait pris une part active à l’affranchissement du Kansas, dont le Sud avait tenté de faire un état à esclaves : son nom ne pouvait donc exciter aucune défiance au sein des populations du Nord.