à démontrer que les membres des collèges et des universités fussent tombés, au point qu’on l’a prétendu, dans l’estime publique. Le parlement et l’église exceptés, il n’y avait pas avant 1789 de corps plus considéré ni qui poussât plus loin le sentiment de son honneur. À plusieurs reprises, au cours de son histoire, l’Université de Paris eut à défendre ses prérogatives contre le pouvoir royal lui-même, et toujours elle le sut faire avec une respectueuse fermeté qui l’honore grandement. C’est ainsi qu’en 1734, sous l’administration du cardinal Fleury, quelques-uns de ses suppôts ayant été révoqués ou déplacés par lettres de cachet, elle rédigea successivement trois mémoires où se trouvaient rappelés avec beaucoup de force les droits de ses membres à l’inamovibilité. Elle n’obtint pas gain de cause à la vérité. Le cardinal Fleury maintint sa décision, mais il eut soin, dans la très courtoise réponse qu’il fit au recteur, de lui bien marquer que « l’intention de Sa Majesté n’était pas d’oster à l’université ses droits et privilèges,.. et qu’en son particulier il y concourrait toujours avec plaisir quand il s’agirait du soutien et des avantages d’un corps aussi illustre. » C’est en ces termes que le premier ministre de Louis XV écrivait au chef de cette Université de Paris, si décriée de nos jours par quelques écrivains ? Que penser maintenant de la valeur des critiques adressées par les mêmes personnes à son enseignement ? Nous devons ici pour plus de clarté remonter à la double source d’où sont sorties ces critiques.
L’ancienne organisation des études en France a succombé sous l’effort combiné des deux plus grandes forces qu’il y eût au XVIIIe siècle, les parlementaires et les philosophes, également acharnés contre elle, quoique dans des vues et pour des motifs différens : les uns poursuivant la revanche du jansénisme et la résurrection de l’esprit et des méthodes de Port-Royal ; les autres s’attaquant à l’université comme à l’une des forteresses de l’ancien régime : ceux-ci, qui se seraient volontiers contentés d’une réforme à la condition qu’ils en fussent chargés et qu’elle dût profiter à leur influence ; ceux-là qui, dans leurs rêves de progrès et de régénération, considéraient la ruine de toutes les institutions du moyen âge comme autant de destructions nécessaires. Entre ces deux forces poussées par des principes et guidées par des mobiles aussi contraires, entre ces hommes dont les uns étaient encore animés de la foi la plus pure et dont les autres avaient toujours été des fanatiques d’irréligion, il se conclut, un jour, une alliance tacite. Tout les séparait : ils n’avaient les mêmes idées, ni sur le gouvernement, ni sur la société, ni sur l’éducation ; ils appartenaient à des mondes et parlaient des langues absolument dissemblables. Ceux-ci, par l’esprit de corporation, par toutes leurs traditions et par leurs tendances