commerce ne peut s’en passer, soit pur, soit mélangé à d’autres variétés. Avant 1848[1], il n’existait sur l’île de Kelley qu’un seul plant de catawba, et en 1863 on y récoltait 11,500 livres de raisin.
Le delaware fut vulgarisé par Thompson, de Delaware[2] ; il le tenait de Jacob Moffard, de New-Jersey, et celui-ci de M. Paul Prévost, Français établi depuis 1800 à Kingswood-Township-Hunterdon (New-Jersey). On a dit que M. Prévost l’avait reçu d’Italie, mais rien ne le prouve.
En 1866, Husmann affirmait que le delaware supplanterait le catawba et l’isabelle. Il se trompait pour le catawba, quoique le delaware se montre supérieur là où il se plaît. Sujet au leaf-blight, — chute de feuille prématurée, — il en est très affaibli dans certains pays. A Herrmann, il demande un terrain léger, chaud, sablonneux et prospère ; dans le Missouri et l’Arkansas, quoique très sensible au phylloxéra, » il produit quand même dans les milieux qui lui conviennent. Le delaware ne gardera pas plus que l’isabelle sa place au soleil dans un pays qui marche si vite ; aussi occupons-nous des vignes de l’avenir[3].
Bush dit que le norton’s-virginia est indigène et sauvage. Il fut trouvé en 1827 par le docteur Norton, de Richmond, et en 1845-1846 apparut à Hermann[4] ce plant de modeste tournure ; il y arriva de deux côtés à la fois, de Cincinnati et de Virginie. Avec ses petits grains et ses bourgeons rouilles, il faisait piètre mine à côté du catawba et de l’isabelle ; il ne reprenait pas de bouture ; malgré ces défauts, quelques persévérans, le multipliant de marcottes, de greffes, faisaient d’excellent vin, lorsque ce nouveau plant reçut un coup qui eût été celui de la mort pour un cépage ordinaire : Longworth, ce père et pontife de la viticulture, le déclara sans valeur (worthless). La majorité s’inclina devant ce jugement prématuré ; mais une minorité plus juste, surtout plus attentive, se groupa autour du vaincu. Inscrivons au livre d’or de la viticulture les noms de MM. Rommel, Pœschel, Langendorfer, Grein et Husmann.
Quand le vin de norton fut mieux apprécié, ce cépage, méconnu d’abord, fit fureur, et, en 1866, la production de plants ne put suffire à la demande. Une terre forte lui est favorable ; il réussit mieux dans le Missouri que dans l’Ohio. Ce fut M. J. Soulard, de Gallena (Illinois), qui envoya à M. Husmann les premiers greffons de concord, qu’il greffa sur des catawba ; il n’obtint qu’une seule reprise ; mais en neuf ans, quelque faible que fût ce commencement, on voyait les concords couvrir des milliers d’acres. Husmann