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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 45.djvu/206

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LA
FRANCE ET L'ITALIE
A TUNIS

Les peuples comme les particuliers ne font pas toujours ce qu’ils veulent ; ils sont à la merci des accidens. On peut affirmer qu’il n’y a pas en ce moment sur la surface du globe de peuple plus amoureux de la paix que le peuple français. Il la souhaite pour lui-même et pour les autres ; il désire que, comme lui, tout le monde se repose dans sa vigne ou dans son champ, à l’ombre de son figuier ou de son sapin. Il a fait entendre plus d’une fois à ceux qui le gouvernent que le premier de voir qu’il leur imposait était de veiller sur sa tranquillité, d’éviter soigneusement toutes les imprudences qui pourraient la compromettre. Il ne se soucie ni d’annexions, ni de conquêtes, ni de ces lauriers qu’on cueille dans de sanglans hasards. Le fond de son âme s’est révélé dans toutes les crises qu’a provoquées le règlement de la question d’Orient. Il a su gré à ses plénipotentiaires d’être revenus de Berlin les mains nettes. Quand, plus tard, on lui a proposé de jouer un rôle dans les affaires grecques, en l’assurant qu’à défaut de profit, il y trouverait de la gloire, il a froncé le sourcil, il s’est plaint qu’on l’engageait trop, il a condamné ouvertement d’ambitieux projets qui cadraient mal avec la politique de modestie et de recueillement qu’il était disposé à pratiquer pendant bien des années encore. Mais on a beau se promettre de n’avoir d’affaires avec personne, les affaires cherchent quelquefois ceux qui les fuient, et c’est ce qui vient d’arriver à la France. Elle a éprouvé une