une heure à des jeux qui sont connus en France : — vostre place me plaist, au gage touché… » (Arch. des affaires étrangères.)
M. Melchior de l’Isle, qui était revêtu de la qualité d’ambassadeur de Louis XIII en Allemagne, résidait habituellement à Strasbourg. Il y était venu une première fois en 1631, pendant les négociations du traité d’alliance entre la Suède et la France. On a de lui plusieurs dépêches dans lesquelles il fait connaître aux « magnifiques, nobles et honorez seigneurs » de Strasbourg les sentimens de sa cour sur les affaires d’Allemagne. Après la bataille de Leipzig, Strasbourg, comme beaucoup d’autres villes, s’était mise sous la protection du roi de Suède. Gustave-Adolphe avait envoyé dans cette ville Althauser avec trois cornettes et six cents mousquetaires ; celui-ci reçut de bonnes promesses des Strasbourgeois. Pourtant, au mois de mars 1631, M. de l’Isle n’hésitait pas à mettre Strasbourg en garde contre les effets que pouvait amener en Allemagne la politique suédoise poussée à outrance. Il était lui-même de religion protestante ; sa parole avait d’autant plus de poids quand il écrivait : « Il est bien vray que la ligue catholique a grandement failli de s’estre si estroitement lié aux intérêts d’Espaigne et d’avoir préféré ses pernicieux conseils aux salutaires exhortations du roy mon maistre, et plus encore de n’avoir de bonne heure accepté les offres d’amitié et de neutralité que le roy de Suède leur a présenté par lettre, et que je leur ay offert de sa part, mais néanmoins Sa Majesté n’estime point qu’il faille se servir de ceste faute pour les ruiner absolument et faire par ainsi une guerre de religion, mais plustost pour les rendre à l’avenir plus sages, plus modérés et retenus à ne se laisser entraîner aux violens conseils d’Espaigne ; car, quoi qu’il semble que la prospérité des armes du roy de Suède soit telle et sa valeur si grande, qu’il soit maintenant bien aise de leur mettre le pied sur la gorge, si est-ce que Sa Majesté Très Chrestienne estime qu’il ne faut point porter les affaires à telles extrémités ; cum desperatis diflicillime pugnatur… » — « La paix que le roy mon maistre désire de procurer à l’Allemagne n’est pas une paix fourrée, car autrement : bellum pace dubia melius, car c’est une paix solide, une paix ferme, stable et équitable, en laquelle le roy de Suède trouve son conte et son contentement et les protestans leur assurance. »
Ce langage était inspiré par Richelieu ; le cardinal avait tout intérêt à, ne point laisser considérer la guerre d’Allemagne comme une guerre de religion ; il laissait M. de l’Isle écrire que, « quant à la religion, comme Sa Majesté n’a jamais creu que les armes fussent un bon moyen pour la planter aux cœurs des hommes, aussi ne pense-t-elle pas que les princes et estats protestans de l’empire,