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« Tout abondait, dit le Soldat suédois, dans, un pays qui n’avait pas encore senti la picorée des soldats ; » il n’y resta bientôt que des villages en cendres. Toutes les villes furent mises à rançon : Munich vit le jeune roi jeter à un peuple stupide des poignées de cet or qu’il avait pris dans les coffres bavarois. Maximilien se tenait avec ce qui lui restait d’année à Ratisbonne. Il semblait perdu, mais Wallenstein allait entrer en scène.

Wallenstein était devenu une sorte de dictateur militaire dans l’empire. Il était en pleine disgrâce au moment où le roi de Suède avait débarqué en Allemagne, à ce point qu’il fit des ouvertures à Gustave-Adolphe et lui offrit de suivre sa cause. ne protestant et devenu catholique, il n’avait jamais approuvé l’édit de restitution, il y voyait la cause de tous les malheurs de la maison d’Autriche ; il ne pouvait pardonner à l’empereur de l’avoir privé de son commandement, ayant toujours eu le bonheur de faire triompher les armes de son maître. Il promit donc au roi de Suède d’abandonner l’empereur ; Gustave-Adolphe n’osa confier des troupes à us général qui était traître à son souverain, et le renvoya à l’électeur de Saxe. Wallenstein se retourna du côté de l’empereur, qui lui avait fait demander de reprendre le commandement suprême de ses armées. Il se fit prier et n’accepta d’abord que pour trois mois, à des conditions qui semblent aujourd’hui presque impossibles à croire. Il fut convenu qu’il serait généralissime pour l’empereur et pour le roi d’Espagne, qu’il aurait une autorité absolue, que ni l’empereur ni son fils ne resteraient à l’armée, qu’il serait récompensé largement dans les pays dits héréditaires et dans les provinces qu’il aurait conquises, qu’il disposerait de tous les domaines confisqués, qu’il aurait le droit de grâce, qu’il aurait le pouvoir de faire la paix, qu’on l’indemniserait du duché de Mecklembourg. L’empereur accepta tout, car l’armée ne voulait pas d’autre chef que le terrible duc de Friedland ; les peuples le regardaient comme un souverain, il en avait le train, la prodigalité ; il avait un astrologue et passait pour avoir un pouvoir miraculeux ; nul mieux que lui ne savait faire des levées et faire sortir les armées du sol allemand. En quelques mois, il mit soixante mille hommes sur pied.

Wallenstein n’était pas seulement soldat, il était aussi diplomate ; dès le commencement de l’année 1632, il chercha à détacher la France du roi de Suède, et, dans ce dessein, il travailla à renverser Richelieu en conseillant aux Espagnols d’aider Gaston d’Orléans et la reine mère par les armes contre le cardinal. Il estimait, nous ne savons sur quelles assurances, que Gaston, s’il pouvait détruire l’influence de Richelieu, abandonnerait la cause de la Suède pour celle de l’Autriche. Nous avons déjà dit que le roi de Suède n’avait