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d’architecture n’y seraient pas déplacés. Sur la cimaise on mettrait les plans portant des légendes détaillées et à côté des programmes détaillés, des mémoires descriptifs et même jusqu’à des devis. Qu’on ne l’oublie pas, et ce n’est pas le cas de s’en plaindre : le public est aussi très pratique.

Afin d’entrer dans cette idée et pour commencer, arrêtons-nous devant une villa qui vient d’être bâtie à Biarritz : elle est le résultat de la collaboration de M. Roux avec un artiste éminent et regretté, M. Duc. Voyez comment cette habitation isolée de toutes parts présente des dispositions qui varient selon l’orientation de ses façades. Le côté du nord est défendu à son angle par une tour destinée à briser le vent : sous sa protection est le salon qui regarde sur le golfe, et une terrasse qui se retourne du côté du levant. A l’est, qui est l’exposition la plus favorisée sous le rapport du climat, on a placé l’entrée principale. Elle est couverte et parfaitement abritée contre l’ardeur du soleil et les grains qui viennent de la mer. Une autre tour servant de belvédère la surmonte. Le côté du midi est tout différent : il se distingue par une loggia que soutiennent des colonnes. De là et depuis la salle à manger qui est en arrière et à son ombre, la vue doit s’étendre sur les Pyrénées. Enfin la façade de l’ouest, qui est battue par les grands vents de l’océan, est, pour ainsi dire, lisse et ne donne aucune prise aux tempêtes, qui sont redoutables dans ces parages. L’unité des distributions intérieures n’a point à souffrir de la variété que l’on remarque au dehors. Grâce à plusieurs escaliers, la circulation s’établit à tous les étages autour d’une cour intérieure dont l’architecture à arcades est exquise et où doit régner en été une délicieuse fraîcheur. Là tout est large et habilement combiné pour le confort. Partout, en même temps, on est charmé par une élégance de proportions et une pureté de formes dans lesquelles on reconnaît l’école d’un maître et la main d’un jeune architecte rempli de talent. Dirons-nous, pour compléter ces indications, qu’extérieurement l’architecture semble emprunter ses élémens aux châteaux des bords de la Loire ? Nous paraîtrions critiquer. Parlerons-nous de la construction solide et de l’aspect riant qu’elle emprunte aux matériaux du pays d’où l’on tire une pierre blanche et une sorte de marbre rouge qui s’associent parfaitement ? Ce n’est pas bien nécessaire. Nous voulons seulement appeler l’attention sur les dispositions ingénieuses et si heureusement réalisées de cette habitation digne d’envie et d’où l’on doit si bien jouir des beautés d’une nature puissante en se sentant à l’abri de ses caprices. Quittons, maintenant, les maisons, les châteaux, les villas (il y en a encore au Salon de très agréables, témoin celle que M. Wable a étudiée dans le style moresque) et