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qui pourraient passer inaperçus et par lesquels cependant l’architecte, au Salon même, concourt à éclairer les questions qui sont le plus à l’ordre du jour et à rendre sensible et pratique leur bonne solution.

Ce sont des raisons de même ordre qui attirent l’attention sur le projet de lycée présenté par M. de Baudot. Mais ici la part laissée à l’initiative de l’artiste est plus grande. A la vérité, une commission étudie aussi les questions relatives aux établissemens d’enseignement secondaire ; mais elle n’a pas terminé son travail et, d’un autre côté, l’administration n’a pas encore publié de programme pouvant servir de guide aux architectes. Cependant on est d’accord sur les conditions générales dans lesquelles les constructions doivent être entendues, et certaines dispositions d’ensemble et de détail ont été reconnues nécessaires. M. de Baudot a pensé qu’il pouvait, dans le projet qu’il soumet au public et qu’il donne comme un essai, résumer d’une part ce qui est acquis au sujet et en même temps rendre sensibles ses vues personnelles. Il semble, en effet, que de bons dessins, et ceux-ci sont du nombre, parlent clairement, raisonnent pour ainsi dire, et sont de nature à éclairer les discussions. Ce que l’on y remarque, à première vue, c’est que les classes étant placées à la partie antérieure du lycée, les externes y accèdent sans pénétrer dans les locaux réservés à l’internat. Ceux-ci, divisés d’après l’âge des élèves, forment des quartiers absolument indépendans qui ont leurs études, leurs cours, leurs préaux séparés ; mais ils disposent tous d’espaces égaux et jouissent tous de la même orientation. Sur les côtés seulement, les bâtimens s’élèvent à une certaine hauteur ; sur la façade et sur les derrières, ils sont bas. Il en est de même à l’intérieur, où ils n’ont pas plus d’un étage. De la sorte, il n’y a rien dans l’aspect du lycée qui sente la clôture rigoureuse, qui ait cet air de prison qui attriste l’élève et sa famille. L’air et la lumière, battent, assainissent et récréent cette maison dont les hôtes sont nos enfans. Il n’est pas nécessaire d’insister sur certaines dispositions pratiques et qui relèvent de l’hygiène. Ainsi l’infirmerie est isolée et ventilée de tous côtés. Il en est de même des services du cours de chimie. Mais il faut s’arrêter encore à la grande salle qui est à l’entrée et qui, divisée ordinairement afin de servir de lieu d’attente et de parloir, peut être débarrassée de ses cloisons les jours de distributions de prix et de fêtes. C’est là qu’au moyen d’une décoration bien entendue, à l’aide de statues et de bas-reliefs moulés sur les chefs-d’œuvre de l’art, avec des tableaux représentant des faits d’histoire, des actes de vertu ayant illustré la contrée, on peut créer une sorte de milieu artistique propre à éveiller dans les jeunes esprits l’idée du bien unie au sentiment du beau.