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choix, d’épargne et de mesure sont intimement unies dans les conceptions de l’architecte. Elles entrent dans la formation de son idée, en tant qu’il est artiste. Dans ses créations, l’élément spéculatif et l’élément matériel se travaillent l’un l’autre pour arriver à des compromis. Mais il ne s’en rend compte à lui-même et n’en rend compte aux autres qu’au moyen de dessins dans lesquels toutes les parties de l’œuvre montrent à découvert les problèmes qu’elles soulevaient avec leurs solutions devenues lisibles.

Si l’on admet ces considérations, c’est justice de reconnaître que le service des Monumens historiques a formé une excellente école d’architectes. par la manière dont la commission directrice est composée, par le but effectif que l’administration se propose d’atteindre et qui est de conserver à notre pays des édifices qui sont une partie de ses annales, une heureuse influence a été exercée sur la manière d’étudier l’architecture au moyen de représentations graphiques. C’est à, cette direction d’idées que nous sommes redevables de ces dessins précis, sobres de coloration, soigneusement cotés, dans lesquels le caractère des formes est aussi fidèlement exprimé que le moindre détail de la construction s’y trouve scrupuleusement reproduit ; dessins essentiellement analytiques qui, tout en faisant revivre la physionomie architectonique des temps passés, nous disent quelle est la dépense nécessaire pour en soutenir et en ranimer les témoins ; dans lesquels, en un mot, il n’y a pas un coup de crayon qui ne représente exactement un profil, et derrière lequel on ne trouve les éléments d’un devis et d’un compte à régler.

Cette année donc, comme toujours, il faut louer les relevés et les projets de restauration qui sont destinés à enrichir les archives des Monumens historiques. Ils portent toujours les noms des mêmes artistes infatigables : c’est M. Paul Bœswillwald, qui a restitué le vieil hôtel-dieu de Tonnerre. C’est M. Bruyerre, avec la sombre église d’Herment ; M. Louzier, avec l’élégante paroisse de Neuvy-Sautour. C’est M. Danjoy, qui a fait un intéressant travail sur le château si pittoresque de Villeneuve-lès-Avignon, et M. Bazin avec sa jolie étude sur Saint-Martin-des-Champs. C’est encore M. Deperthes et M. Formigé, car nous voudrions pouvoir les nommer tous.

Les plus importans parmi les travaux de cet ordre, consistent dans deux belles séries de dessins, dont les uns représentent le château de Ménières-en-Bray, tel qu’on le voit aujourd’hui, les autres l’état actuel et la restauration de l’hôtel de Cujas, à Bourges. Les premiers ont été exécutés par M. A. Vaudoyer ; . les seconds sont dus à M. Camut. Nous ignorons si ces études ont été commandées parle service des Monumens historiques, mais elles sont animées de son esprit. Toutes deux, d’ailleurs, portent sur des édifices de la