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renaissance ; toutes deux ont encore cela de commun qu’elles sont accompagnées de notices explicatives que l’on peut consulter en présence des dessins. Nous y renvoyons pour l’honneur du fait et pour sa nouveauté. Elles sont instructives à tous égards : elles facilitent l’intelligence des travaux malgré la peine que l’on éprouve à lire les plans placés à toute hauteur ; et l’on y est d’autant plus sensible que l’on a cette fois le moyen de les comprendre. Ces mémoires ont encore l’avantage de donner une idée favorable de leurs jeunes auteurs, dont ils font apprécier la conscience et la sagacité. M. A. Vaudoyer n’a point abordé la restauration complète du château de Ménières : il s’est borné à l’état actuel. Il a cependant donné d’une part le plan du rez-de-chaussée comme il était encore dernièrement, c’est-à-dire avec l’escalier d’honneur et les anciens fossés ; et, d’un autre côté, il a représenté le château et les jardins du temps de Louis XIV. Les dessins de M. A. Vaudoyer sont remarquables. En les regardant, on trouve qu’ils font souvenir, par la fermeté de l’exécution et par le goût, d’autres dessins, anciens déjà, mais également fort beaux, qui sont restés dans l’estime des artistes : les maisons d’Orléans et d’autres encore… Le mérite qui fait naître ce rapprochement, est un honorable exemple d’hérédité.

Est-il personne qui, en visitant Bourges, ne se soit arrêté devant l’hôtel de Cujas, qui n’ait été charmé par son aspect élégant, par son entrée pittoresque et même par sa construction en briques de différentes couleurs qui forment sur les murs un décor réticulé ? M. E. Camut a entrepris de le restituer tel qu’il était au XVIe siècle. Son œuvre, uniquement inspirée par l’amour de l’art et de l’histoire, ne tend qu’à rendre la figure et les dispositions de ce noble logis. La façade sur la rue a été abattue à une époque indéterminée, et M. E. Camut l’a rétablie dans le style du temps. Il l’a fait en serviteur fidèle de la vérité, à regret peut-être, car la façade actuelle, telle que l’a faite une mutilation séculaire, est charmante. En définitive, si la restauration projetée dans les excellens dessins que nous avons ici s’exécutent, l’hôtel de Cujas pourrait servir de point d’attache à des constructions qu’il serait facile d’utiliser. La ville de Bourges n’a pas encore de musée digne de ce nom, et on profiterait de dépendances, qui sont considérables, pour créer des salles destinées à la peinture et à la sculpture, tandis que la maison elle-même recevrait des collections de même nature que celles de l’hôtel de Cluny.

On le voit : dans de semblables travaux, l’art n’est déjà plus tenu de compter strictement avec l’économie. Il faut maintenant qu’il se pénètre des convenances supérieures qui naissent de la destination de l’édifice et du caractère qu’il doit porter. Que