MM. Ponscarne, Alphée Dubois et Dupuis, du moins dans les ouvrages qu’ils ont envoyés au Salon, se rapprochent de la tradition ; et voici M. Chaplain, qui, avec une connaissance approfondie de l’antiquité et le plus grand respect pour les exemples qu’elle nous a légués, introduit cependant autour de ses personnages la lumière et l’espace. Nous voulons surtout parler de la médaille qui est destinée à être donnée en récompense pour les soins apportés aux enfans du premier âge et qui, de ce fait, doit aller dans nos campagnes. Une femme assise de face fait manger un enfant déjà sevré, tandis qu’elle allaite un nouveau-né. Dans le fond, on voit un laboureur avec sa charme ; un village et le soleil à l’horizon. C’est simple, fort et d’un sentiment absolument moderne. Aucune allégorie ne vaudrait cette paysanne ainsi représentée dans son costume vrai et dans son action naïve. Une exécution large ajoute son mérite à celui de la composition.
Le médaillon-portrait est un genre moderne que l’on traite avec une entière indépendance, tantôt avec des saillies très faibles comme les florentins et tantôt en demi-ronde-bosse Comme l’ont fait les lombards. On y introduit en général le sentiment de la peinture., Ainsi M. Chapu expose le délicieux portrait d’une toute jeune fille qui a le charme du crayon le plus habile, et M. Amy nous montre un beau profil du célèbre félibre Mistral traité dans le goût du pastel. Mais à côté voici des artistes qui se rapprochent de la statuaire à plein relief comme M. Haller ; d’autres qui font de véritables médailles de grandeur naturelle comme M. Chavalliaud, d’autres encore qui visent au camée comme M. Convers. On le voit, nous sommes encore en présence de tendances contraires ; cependant si l’entraînement vers la peinture est très grand ici, il se justifie davantage. Depuis le moyen âge, on a même fait des médaillons-portraits en cire polychrome. La renaissance a produit des chefs-d’œuvre en ce genre complexe dont la légitimité est incontestable et qui cette année encore nous donne les travaux intéressans de M. Declerq et de Mme Durvis.
Avec le camée on entre de force dans le domaine de la couleur ; voyez, par exemple, la riche opaline où M. Gaulard a gravé un sujet. mythologique : Phœbus traversant le ciel sur son char. La pierre, à sa partie supérieure, a la forme d’un arc aigu. Avant que l’artiste la travaillât, sa surface était ondulée, et vers sa base un caprice de la nature avait creusé une légère caverne. La gemme à l’état natif présente une sorte d’épanchement opalin qui repose sur une gangue d’un brun foncé et chaud. Elle réunit, dans un milieu laiteux où ils se mêlent le rose, le bleu, le bleu pâle, le bleu vert et le roux, en un mot toutes les nuances délicates qui caractérisent l’opale. M.