applications pratiques d’un caractère plus complexe que ses premiers enseignemens. Il invite ses élèves à réfléchir sur les choses qu’ils peuvent le mieux concevoir : la famille d’abord, puis l’école, puis la patrie. Ce n’est qu’après leur avoir exposé leurs intérêts et leurs devoirs dans ces trois centres de leur vie d’enfans et de leur vie future d’hommes et de citoyens, qu’il résume, en se mettant toujours à leur portée, les principes de la psychologie, de la morale générale et de la théodicée ; puis, quand cette première éducation de l’homme les a suffisamment préparés pour l’éducation du citoyen, il les conduit à travers les détails de nos institutions administratives et politiques, en passant par degrés du plus particulier au plus général. Il leur explique ainsi l’organisation de la commune, du département et de l’état, et il ne craint même pas de les initier aux plus graves questions sociales, telles que les congrès ouvriers, les coalitions et les grèves. Il emploie, d’ailleurs, pour tempérer l’austérité de ses leçons, les formes les plus variées : les dialogues familiers, les récits, les excursions historiques ; partout il s’efforce d’intéresser l’imagination, en même temps qu’il s’empare de l’esprit et du cœur.
M. Manon suit un ordre plus didactique. Il s’adresse à des élèves plus avancés et il écrit pour les hommes faits en même temps que pour les adolescens. Il trace à grands traits les principes généraux de la morale et il en suit l’application dans les trois divisions de la morale pratique : les devoirs envers les autres hommes, envers nous-mêmes et envers Dieu. Comme M. Compayré, il donne la principale place aux devoirs sociaux, qu’il suit dans toutes les relations de la vie privée et de la vie publique. Il sait d’ailleurs prêter une forme attrayante à ses graves préceptes et il en relève heureusement l’intérêt par des exemples bien choisis et par des aperçus historiques.
D’un ordre plus élevé est le traité des devoirs et des droits, que vient de publier M. Ferraz, pour faire suite à sa Philosophie du devoir[1]. L’auteur n’écrit que pour les jeunes gens et les hommes faits déjà initiés à toutes les questions philosophiques. Il s’étend sur les devoirs de l’homme envers lui-même, souvent niés et toujours un peu négligés par les moralistes. Il les subdivise d’après les deux grandes parties de la nature humaine, l’âme et le corps, et d’après la division classique des facultés de l’âme : intelligence, volonté, sensibilité. Il trouve là des cadres commodes, bien qu’un peu arbitraires, pour une série de considérations, non moins ingénieuses qu’utiles, qui ne s’en tiennent pas aux vieux préceptes sans cesse renouvelés des sages de tous les temps, et qui savent y ajouter la
- ↑ Nos Devoirs et nos Droits ; Morale pratique, par M. Ferraz.