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marnes qui accompagnent le calcaire de Brie, ou bien entre les dépressions des roches siliceuses, c’est-à-dire au sommet de certaines collines que ne recouvre pas le calcaire de Beauce. Les premières mares (mares aux corneilles, aux bœufs, aux fourmis, etc.) ne présentent que des espèces aquatiques pour la plupart fort ordinaires ; les secondes, comme les mares de Franchart, la mare à Piat, et surtout les mares de Belle-Croix, offrent les plantes les plus rares de la forêt : sur leurs bords Ranunculus nodiflorus, Sedum villosum à fleurs violacées, Sedum sexangulare à fleurs jaunes, Trifolium strictum, Bulliarda Vaillantii, Juncus pygmœus et squarrosus, etc. ; dans l’étang lui-même, Alisma natans, Scirpus fluitans, Ranunculus tripartitus et hololeucos, etc. Ce sont des mares analogues par leur situation géologique qu’on retrouve dans la garenne qui sépare Recloses de Bourron et dans les bois de Darvault, de Nanteau et de Poligny, près de Nemours ; aussi offrent-elles une végétation analogue ; ce sont seulement ces mares des grès qui méritent la visite du botaniste. — Quant à la flore du calcaire de Beauce, elle se caractérise par les espèces propres aux calcaires secs, telles que : Phyteuma orbiculare, Globularia vulgaris, Ononis Columnœ, Inula hirta, Euphorbia esula, Linum tenuifolium, Helianthemum pulverulentum et canum, Kœleria cristata, Sesleria cœrulea, Thalictrum minus, Asperula tinctoria, Teucrium montanum, etc. Mais il s’y joint un autre élément dont l’importance, pour être bien appréciée, nécessite ici une courte revue de la flore des environs de Paris.

Paris est, on le sait, le centre d’un bassin géologique où les rivières convergent comme les flores. La flore de la région occidentale, qui pour vivre a besoin d’une humidité atmosphérique notable, et qui perd.graduellement cette humidité à mesure qu’elle s’éloigne de la mer, s’arrête avec la forêt de Rambouillet. Du côté du nord, la flore septentrionale ou montagnarde ne dépasse guère les étangs ou la forêt de Villers-Cotterets, puis s’éteint avec le Vaccinium Myrtillus sur les coteaux de Montmorency. De Fontainebleau à Nemours, au contraire, un bon nombre de plantes que recherchent les botanistes sont des plantes habitant les calcaires du midi de la France et qui viennent expirer à la limite de leur aire de végétation soit sur les coteaux boisées de Darvault (Satureia montana), soit sur les pelouses rases de la Genevraye au-dessus d’Episy (Kœleria valesiaca) Aira média), soit sur les pentes méridionales du Mont-Merle ou du rocher d’Apremont (Melica ciliata, Stipa pennata) soit sur la colline de la Charme près d’Arbonne, quelques-unes pour reparaître, par exception, à trente lieues de là, sur les falaises crayeuses et brûlantes de la rive droite de la Seine, aux environs de Vernon. Or c’est seulement à Fontainebleau, sur le calcaire supérieur ou calcaire de Beauce, que. ces échappés de la flore