Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 46.djvu/619

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réception, comme nous dirions en Occident[1]. Devant l’entrée est une construction dont il est difficile d’indiquer avec certitude la destination. Était-ce un réservoir où se rassemblaient les eaux destinées à abreuver les hôtes du palais et des jardins, était-ce une sorte de corps de garde ? En arrière de ce bâtiment une porte s’ouvre entre deux tours à murs inclinés ; c’est une sorte de pylône ; sur les côtés, deux portes plus étroites. Ces trois portes conduisent dans une grande cour rectangulaire. Sur les deux longs côtés, une suite de chambres ; le petit côté postérieur est la répétition de l’antérieur. Cette cour en renferme une autre, où l’on arrive en traversant un portique ; elle-même, la seconde cour, n’est que l’enveloppe d’une salle à ciel découvert, exhaussée sur plusieurs degrés. Les escaliers par lesquels on y accède sont très visibles sur le plan. Au milieu de cette salle, un petit bâtiment isolé, dont il est difficile de définir le caractère ; peut-être est-ce un de ces autels en forme de tribune qui sont parfois représentés dans les bas-reliefs. Nestor L’Hôte donne le croquis d’un de ces bas-reliefs ; on y voit un homme debout sur une de ces estrades et devant lui une pile d’offrandes. Il signale les restes, encore subsistans à Karnak, d’une construction de ce genre ; c’est un massif quadrilatère auquel on accédait par une rampe en pente douce[2]. C’était peut-être là que le roi accomplissait certaines cérémonies religieuses, soit en la mémoire de ses ancêtres, soit en l’honneur des grands dieux nationaux. Pour parvenir jusqu’à la pièce où se dresse cette sorte d’estrade, il faut d’ailleurs franchir trois enceintes successives ; la sécurité du prince était donc bien protégée par cette triple clôture.

Sur le plan égyptien que nous avons en vue, à droite de l’édifice que nous venons de décrire, on en voit un autre plus vaste, mais d’un arrangement plus simple ; une aire plantée les sépare, et il n’y a point entre les deux de communication apparente. En avant, même pylône précédé de la même construction rectangulaire ; puis une ample cour dont trois faces présentent une double série de chambres qui prennent jour soit sur la cour même, soit sur un portique. C’est sans doute là le harem ; là logeaient le prince, ses femmes et ses enfans. Sur les côtés et en arrière, disposés autour d’autres cours, des magasins, des écuries et des étables, puis des jardins. Le plus beau de ces jardins, au milieu duquel se creuse

  1. Histoire de l’art égyptien, d’après les monumens, 2 vol. grand in-folio, et un volume de texte in-4o, Arthus Bertrand, 1879. Les planches ne sont pas numérotées, ce qui rend les citations difficiles.
  2. Lettres écrites d’Égypte, p. 62. Dans d’autres de ces plans de Tell-el-Amarna, chez Prisse, on voit représentées, à plus grande échelle que dans celui dont nous avons restauré une partie, plusieurs de ces estrades qui paraissent couvertes d’offrandes variées. L’une d’elles est précédée d’un escalier.