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une peinture thébaine qui a été souvent reproduite d’après Rosellini[1], faut-il, comme on l’a fait généralement, voir une maison des champs, une villa royale ? Nous, ne le pensons pas ; il nous paraît possible que, dans ce que nous appellerions les quartiers aristocratiques de Memphis ou de Thèbes, les propriétés des grands aient eu ce développement et que l’habitation s’y soit entourée d’aussi beaux ombrages. Nous apercevons aussi des arbres et des treilles dans plusieurs autres maisons figurées sur les parois des tombes ; elles sont séparées du dehors par un mur où est percée une large porte.

Les maisons mêmes des pauvres paraissent avoir eu d’ordinaire leur cour, au fond de laquelle s’élevait une construction qui ne comportait qu’un rez-de-chaussée et une terrasse où l’on montait par un escalier extérieur ; c’est ce que nous présente un petit modèle de maison appartenant au musée du Louvre. Cette disposition est encore celle de la plupart des maisons dans les villages de l’Égypte contemporaine.

Dans les maisons plus vastes, les chambres étaient rangées autour d’une cour et régulièrement distribuées sur deux ou trois de ses côtés ; on a un exemple de cette disposition dans l’édifice que nous avons décrit plus haut sous le nom de palais. D’autres fois, comme dans quelques-unes de ces maisons de Tell-el-Amarna, dont le plan se lit encore à terre, elles ouvraient sur un long corridor. Les chambres du rez-de-chaussée servaient aux besoins du ménage, tandis que celles des étages supérieurs étaient habitées par la famille. Au sommet de l’édifice était une terrasse, souvent garantie du soleil par un toit léger, soutenu par des colonnettes de bois et peint de couleurs brillantes. La partie de la terrasse qui n’était pas couverte portait un large auvent en planches, espèce de ventilateur dans le genre des mulcafs arabes et qui servait comme eux à établir un grand courant d’air dans la maison. Quelquefois une partie de la maison faisait une saillie en manière de tour. Enfin, certaines habitations sont couronnées par un parapet surmonté d’un cordon de créneaux arrondis. Dans les grandes maisons, la cour était précédée d’une sorte de porche soutenu par deux colonnes à bouton de lotus, que, les jours de fêtes, on décorait de banderoles. Le nom du propriétaire était peint sur le linteau de la porte. D’autres fois, on y lisait une sentence hospitalière comme celle-ci : La bonne demeure.

« Les maisons étaient faites de briques crues, composées de

  1. On la trouvera dans un ouvrage qui est entre les mains de tous ceux qui s’occupent de l’Égypte, dans Wilkinson, the Manners and Customs of ancient Egyptians, t. 1er, p. 377.