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Il s’agit pour l’instant de traverser sans encombre une période d’expectative et de maintenir les positions à la hausse au meilleur compte possible. Le marché ne se réveille donc de sa torpeur qu’à l’approche de chaque liquidation. On espère, cette fois que le pas sera assez aisément franchi. Non pas que les engagemens de la spéculation aient diminué d’importance, — nous avons dit tout à l’heure qu’il n’y avait aucune illusion à se faire à cet égard, — mais l’argent sera, selon toute vraisemblance, un peu plus abondant. À la veille de la mise en paiement des coupons de juillet, les fonds destinés à y faire face étaient enlevés à la place. Ils sont maintenant rentrés dans le grand courant de la spéculation et vont accroître fin juillet le montant général des disponibilités.

On sait que la spéculation compte pour s’alléger sur le concours que lui apportent où doivent lui apporter chaque semestre les capitaux provenant du paiement des coupons. Ce concours peut être donné sous une double forme ; ou bien les fonds devenus disponibles viennent augmenter la masse des capitaux reporteurs, ce qui amène une légère détente dans le prix des reporte et aide la spéculation à porter son fardeau ; bif bien ces fonds sont employés en achats de valeurs sur le marche au comptant. Si ces achats prennent une certaine extension, les haussiers à terme commencent à s’alléger. Inutile de dire que la spéculation préfère de beaucoup que le concours des capitaux s’exerce sous cette dernière forme.

Jusqu’ici il ne paraît pas que les achats de l’épargne aient atteint des proportions telles que la spéculation puisse procéder à un reclassement partiel des titres. On ne peut nier toutefois qu’ils aient déjà amené ce résultat d’élever sensiblement les cours des rentes au comptant au-dessus des cours cotés à terme. C’est là du moins un bon symptôme.

Ajoutons que les nouvelles financières du dehors sont généralement bonnes, que la liquidation qui vient de se terminer à Londres a été très facile, et que la fermeté reste le trait dominant sur les places allemandes. Si les emplois de fonds n’ont pas été plus nombreux jusqu’ici et n’ont pas exercé une influence plus directe sur la tenue des cours, il faut songer que des versemens d’une grande importance venaient à échéance en juillet, notamment sur le dernier emprunt national, et qu’une grande partie des fonds rendus disponibles était ainsi affectée à l’avancé à une destination déterminée.

L’emprunt national, sur lequel le troisième versement vient d’être effectué, est encore tout entier entre les mains de la spéculation. Le classement n’avance pas, et cependant les petits capitaux auraient tout avantage à se reporter sur ce type de rente, puisque l’écart normal qui devrait exister entre le cours de la rente amortissable et celui du 3 pour 100 ordinaire a presque complètement disparu.