les maux du règne; elle fut demandée aux intendans de France, par le duc de Beauvilliers, pour l’instruction du duc de Bourgogne.
M. de Boislisle, qui semblait absorbé par l’édition de Saint-Simon à laquelle il attache son nom, vient de publier le Mémoire sur la généralité de Paris avec ce luxe de science solide et lumineuse à laquelle il nous a habitués de longue date. Il a fait précéder le Mémoire d’une savante introduction, l’a accompagné de notes nombreuses et l’a fait suivre d’un appendice rempli des documens les plus variés, de telle sorte que chaque point est éclairé par les vérifications de l’éditeur et chaque assertion contrôlée par les pièces contemporaines les plus propres à en fixer la portée. C’est un modèle à offrir à tous ceux qui songent à publier des papiers d’état. La Collection des documens inédits relatifs à l’histoire de France entreprise en 1833 par M. Guizot, poursuivie avec persévérance sous ses successeurs, grâce à l’activité d’un comité permanent auquel étaient confiés ses travaux, aura bientôt franchi un demi-siècle : elle aura bientôt publié près de deux cents volumes; nous ne craignons pas de dire qu’il en est peu qui atteignent, et qu’il n’en est pas qui dépasse ce dernier volume par le soin qui se rencontre dans la préparation aussi bien que par le mérite de la mise en œuvre.
L’éducation du duc de Bourgogne est tellement connue, chacun sait si bien la transformation de ce caractère, « impétueux avec fureur, dur et colère jusqu’aux derniers emportemens, » et devenu sous la main de son gouverneur le duc de Beauvilliers et sous l’influence de celui qui devait être l’archevêque de Cambrai un modèle de vertu, qu’il est superflu d’en reprendre ici l’histoire. Mais ce qu’on ne peut se lasser d’admirer, c’est cet accord d’hommes supérieurs mettant en commun leur intelligence pour former un roi et pour lui donner ce prodigieux ensemble de qualités nécessaires au prestige de celui qui doit gouverner et non opprimer ses sujets. Le jeune prince avait sept ans quand Louis XIV nomma son gouverneur; le lendemain, le duc de Beauvilliers lui donnait pour précepteur l’abbé de Fénelon. Sa treizième année n’était pas achevée que le Télémaque était mis entre ses mains, et quand, au terme de l’enfance et sorti des fictions, le duc de Bourgogne eut besoin de connaître par lui-même l’état du royaume, son gouverneur voulut lui montrer non un tableau de fantaisie comme on en exposait dans les cabinets des ministres ou dans les conseils du roi, mais une image sincère qui lui permît de voir ce qu’était la France. Elle succombait depuis quelques années sous les maux qu’avait entraînés à sa suite une longue guerre; les campagnes étaient ruinées; dans les villes, l’industrie avait été mortellement atteinte par l’émigration des protestans; la richesse nationale était menacée par le coup qui avait frappé la liberté de conscience; l’agriculture souffrait; une