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médiocrement ; le grand nombre des prêtres assermentés et de ceux qui se marièrent dans les premières années de la révolution démontrerait, au besoin, cette vérité. Mais on a vu plus haut ce qu’il était advenu des prescriptions de la loi du 3 brumaire, relative aux logemens et aux jardins. D’autre part, les élèves manquaient presque partout, et, par ainsi, la rétribution ; en sorte que des deux sources de revenus que le législateur avait cru assurer aux instituteurs, l’une et l’autre à la fois leur faisaient défaut.

Les documens sur ce point sont aussi nombreux qu’unanimes, c’est par centaines qu’ils se chiffrent aux archives, et dans tous, on retrouve la même note désespérée. Nous en donnerons quelques extraits seulement, empruntés, non pas aux intéressés, dont le témoignage pourrait être suspecté, mais aux autorités révolutionnaires elles-mêmes.

Le 7 vendémiaire an IV, peu de temps avant le vote de la loi du 3 brumaire, c’est-à-dire à une époque où la situation des instituteurs était encore réglée par la loi du 27 brumaire, où par conséquent leur salaire était censé de 1,200 livres, voici ce qu’écrivait la commission exécutive au comité d’instruction publique de la convention :

« Un cri général s’élève de toutes les parties de la république sur la détresse affreuse dans laquelle se trouvent plongés un grand nombre d’instituteurs. Privés même de l’absolu nécessaire, la plupart languissent dans les horreurs du besoin et ne continuent l’exercice de leurs fonctions que dans l’espoir très prochain des secours qu’ils réclament et qui deviennent de jour en jour plus nécessaires. Ce ne sont pas les instituteurs et les professeurs seuls qui font entendre leurs plaintes. Un grand nombre d’administrateurs de communes, de districts et de départemens, et des représentans en mission qui ont ce tableau désolant sous les yeux, transmettent les mêmes demandes et forment les mêmes vœux. Tous s’accordent sur cet objet important ; tous déclarent qu’il est urgent de venir au secours des instituteurs ou que l’instruction doit périr… »

Telle était déjà, dans les derniers temps de la convention, la situation du personnel enseignant et telle elle demeura pendant toute la durée du directoire.

« Depuis près de six ans, il n’existe plus d’instruction publique, » lisons-nous dans la minute d’un rapport au directoire exécutif préparé par les bureaux du ministère de l’intérieur sous l’administration de Benezech[1].

« Si l’état des écoles centrales dans un aussi grand nombre de

  1. Archives nationales, f. 17, 1140.