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Le tombeau de mon père est au Père-Lachaise et non où M. Charmes l’a placé. Le tombeau qu’il a vu sur le mont des Oliviers est le mien, orné d’une statue me représentant. Ce monument que M. Charmes dit que j’ai fait faire est un don de l’empereur Napoléon III, qui avait commandé cette statue à notre éminent sculpteur Auguste Barre, lorsque j’ai eu l’honneur d’offrir à la France le Sanctuaire du Pater. L’inscription (non au dessus, mais au-dessous de la statue) a été composée par M. de Barrère, consul-général de France à Jérusalem, qui, par sa longue et très grande connaissance des hommes et des choses d’Orient, était plus à même que tout autre de juger de l’importance de mes travaux. Il n’était pas étonnant que le gouvernement qui élevait à ses frais ce tombeau montrât dans l’inscription qui le décore sa bienveillance pour la personne qui doit y reposer.

Possédant le cœur de mon père dans une urne de porphyre, j’avais pensé pouvoir le déposer en ce même caveau; c’est avec un respect filial que j’ai fait inscrire auprès le passage de l’Histoire d’Italie dans lequel Botta parle de mon père. Si M. Charmes s’était donné la peine de mieux examiner, il aurait vu le nom de Botta à la fin de la citation et le numéro du chapitre reporté ; il l’aurait vu soit dans la version italienne, soit dans la traduction française que j’ai fait faire, pour les personnes qui ne pouvaient lire l’original; si cela est de l’orgueil, oui, j’en ai, même beaucoup, d’avoir eu un tel père, et c’est pourquoi j’ai fait placer ces inscriptions, qui sont du reste des pièces historiques. Quant à la mutilation de la statue, elle n’a pas été faite par une pierre lancée par une main inconnue, mais bien avec une lime, et tout le monde à Jérusalem sait en quelles circonstances.

Je n’aurais pas relevé ces erreurs de M, Charmes si, en dénaturant les faits, il n’avait porté atteinte à l’honorabilité de mon caractère. C’est la raison pour laquelle je viens à vous, monsieur, espérant que vous voudrez bien en publiant ceci, m’accorder la justification que j’attends de vous.

Veuillez recevoir, monsieur, l’expression de mes sentimens déconsidération.


Pesse DE LA TOUR D’AUVERGNE.


Nous avons communiqué la lettre de Mme la princesse de La Tour d’Auvergne à M. Gabriel Charmes, qui nous a répondu de la manière suivante :


Mon cher directeur,

J’avoue que je me suis trompé en disant que Mme la princesse de La Tour d’Auvergne avait fait élever le tombeau de son père à côté du sien dans le sanctuaire du Pater. Il est certain que le cœur seul de son