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mariage et la mort. Aujourd’hui, dans ces mêmes circonstances, elle tend de plus en plus à l’en bannir.

Il n’existe aucune statistique religieuse de la ville de Paris permettant de dire avec certitude si le nombre des baptêmes et des mariages religieux augmente ou diminue par rapport aux naissances et aux mariages civils. Mais sur la question de la première communion voici quelques renseignemens que j’ai recueillis par moi-même. Autrefois il était infiniment rare que toute éducation scolaire ne se terminât pas par la première communion. Aujourd’hui et par une conséquence naturelle du grand mouvement d’enseignement laïque, le nombre des enfans qui font leur première communion va en diminuant. La proportion par rapport au nombre total de ceux qui sont inscrits aux écoles varie dans les paroisses populaires des deux tiers aux trois quarts, et cette proportion doit paraître encore considérable à qui sait les mesures de toute sorte adoptées de concert entre toutes les autorités pour détourner les parens de faire faire aux enfans leur première communion, depuis les entraves des règlemens scolaires, jusqu’aux secours d’habillemens, autrefois accordés, aujourd’hui refusés dans plusieurs arrondissemens aux parens nécessiteux. Quant à l’intervention de l’église au moment de la mort, le bulletin de statistique municipal publie d puis quelques mois un renseignement instructif. Sur 27,427 inhumations qui ont eu lieu à Paris en six mois (sans compter les mort-nés), 5,020 n’ont été précédées d’aucune cérémonie religieuse. C’est déjà une proportion considérable. Mais la répartition des enterremens civils par classe et par arrondissement est, au point du vue qui nous occupe, plus démonstrative encore. Dans les quatre premières classes, qui sont celles des enterremens aristocratiques, il est infiniment rare de compter un enterrement civil. Dans la neuvième, au contraire, qui comprend les inhumations gratuites, la proportion des enterremens civils dépasse la moitié[1]. Même signification dans la répartition par arrondissement. A Passy, dans l’arrondissement de l’Elysée, quartiers riches par excellence, la proportion des enterremens civils (tous compris dans les cinq dernières classes), ne dépasse pas 7 ou 8 pour 100. Dans le XXe arrondissement, au contraire, Belleville, Ménil- montant, Charonne, cette proportion s’élève à 35 pour 100. Qui oserait dire qu’il en fût de même il y a trente ans? Certaines personnes me reprocheront peut-être d’appeler l’attention sur ces faits, mais à mon avis il n’y a pire danger que de se dissimuler la vérité. Or il ne faut pas méconnaître que l’irréligion fait des progrès croissans dans le peuple de Paris. L’histoire de ces progrès est parfois écrite sur les

  1. Il est vrai que dans cette classe sont comprises également presque toutes les inhumations de mort-nés, qui ne donnent lieu à aucune cérémonie religieuse.