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Il peut emprunter au sommeil provoqué quelques-uns de ses caractères, la ténacité, la résistance à ce qu’on pourrait nommer les agens réveilleurs, comme la lumière, le fruit, le mouvement, la station, la douleur, etc., mais rien de plus.

Braid a bien vu les phénomènes cataleptiques, mais il en a laissé une description au-dessous du médiocre. L’étude de la catalepsie, manifestation prépondérante de l’hypnotisme, appartient à sa première manière, c’est-à-dire au début de ses recherches. Plus tard, il ne lui suffira pas d’avoir constaté des faits positifs, mais froidement limités; il entrera dans le domaine de l’étrange, et ces états élémentaires perdront pour lui le meilleur de leur intérêt.

A l’inverse de la rigidité, l’hypnotisation peut déterminer la résolution et la flaccidité des membres, avec une égale insensibilité à la fatigue comme à toute excitation périphérique. Ces cas sont beaucoup plus rares, et quand on en rencontre un, il est sage de s’enquérir des antécédens. On trouve alors que le sujet était déjà un malade ou tout au moins présentait des particularités semi-pathologiques, comme la tendance aux défaillances et surtout la possibilité de tomber en collapsus sous l’influence d’un hypnotisme rapide et inconscient.

Il importe, dans l’histoire longue et complexe des sommeils artificiellement provoqués, de ne pas omettre, à titre de simple appendice, le récit des hypnotismes du second ordre, mal distincts, venant à leur heure, au hasard d’un incident, sans l’intervention d’un tiers opérateur. Le malade seul, livré à sa propre observation, atteint d’un malaise qui lui interdit de s’observer, est réduit à une notion très confuse ; ces hypnotismes bâtards et passagers sont matière à étude pour tous ceux qui s’intéressent aux capricieuses déviations du système nerveux.

Braid, qui s’est abstenu de ces visées, peut-être de parti-pris, plus probablement parce que son objectif était ailleurs, rapporte un fait curieux qui a trait justement aux hypnotismes avec flaccidité musculaire. Il s’agit d’un patient qui, hypnotisé par les procédés ordinaires, était, dit-il, disposé à devenir un grand cataleptique (strongly cataleptic) et qui, grâce à une modification dans la méthode, resta tout au contraire trois heures et au-delà profondément endormi, avec les muscles détendus et la respiration fort adoucie. Cette exception, il l’attribue à la position dans laquelle les yeux furent placés pendant l’opération, les paupières closes, les yeux portés en haut et dirigés comme s’il s’agissait devoir un objet à grande distance. De la santé antérieure du sujet il n’est pas dit un mot. Braid, à la manière de tous les inventeurs, ne consent pas à supposer l’intervention d’une autre influence que celle qu’il met lui-même en jeu.

Voilà donc deux modus vivendi de l’hypnotisé. Ce sont les types