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Stock d’or. Il paraît difficile toutefois que le taux actuel se maintienne si, comme on a lieu de le penser, la crise devient plus intense à Londres.

Pendant toute cette quinzaine, le marché des fonds publics a subi l’influence des appréhensions conçues au sujet des décisions que prendrait le conseil de régence de la Banque. Mais ce n’est pas la question monétaire seule qui a pesé sur les cours de nos rentes. La spéculation, qui est à la hausse sur les valeurs, s’est couverte en partie depuis plusieurs liquidations par des ventes de rentes, surtout de 5 pour 100. Ce découvert serait-il à son tour menacé ? On serait tenté de le croire en voyant avec quelle rapidité le 5 pour 100 a été porté hier de 116 à 116.90, aussitôt qu’il fut bien avéré que l’escompte n’était élevé ni à Londres ni à Paris et que le parti de la baisse perdait décidément du terrain à Londres.

Cette hausse du 5 pour 100, suivie de celle du 3 pour 100 et des deux amortissables, et coïncidant avec une reprise de ¼ sur les consolidés, a décidé du sort de la liquidation de quinzaine, qui va s’effectuer au grand avantage des haussiers.

Parmi les établissemens de crédit dont les actions sont l’objet d’un mouvement régulier et constant de progression, la Banque de France se place au premier rang par l’importance de la plus-value réalisée. De 6,450, dernier cours de compensation, ce titre s’est élevé à 6,850; les acheteurs spéculent non-seulement sur l’accroissement déjà considérable des bénéfices, mais encore sur les perspectives du renchérissement continu de l’argent.

L’Union générale a progressé pendant cette quinzaine de 340 francs. L’action s’est élevée à 2,350. Simultanément la Banque des Pays autrichiens a franchi le cours de 1,000. Il n’y a pas lieu de se demander si ces cours sont justifiés. Toute réflexion disparaît devant le fait brutal d’une lutte acharnée entre des vendeurs très puissans et une spéculation à la hausse qui se croit assurée de posséder tous les moyens de vaincre. Les vendeurs ont jusqu’ici payé tous les frais de la lutte.

Le Crédit foncier a monté de 1,670 à 1,755 ; cet établissement vient de vendre à des prix extrêmement avantageux les quelques milliers de parts civiles de Suez qu’il avait encore en portefeuille. La liquidation des affaires égyptiennes du Foncier est ainsi complètement terminée.

La Société générale a progressé de 76 francs et la Banque d’escompte de 47 francs. Notre dernière chronique avait indiqué la probabilité de ce double mouvement. Les motifs en peuvent être aujourd’hui précisés. Un accord a dû être signé hier à Londres entre la Compagnie anglaise des guanos péruviens et la Compagnie française du Pacifique, accord qui met fin à toute compétition pour la vente des guanos et assure à la