la bibliothèque du Vatican rentrent elles-mêmes dans la catégorie des sujets sacrés. La célèbre composition de Melozzo du Forli, la nomination de Platina au poste de bibliothécaire, nous montre le pape dans l’exercice du pouvoir pontifical ; on sait, en effet, que, dès l’époque carlovingienne, un bibliothécaire faisait partie du personnel de l’église. A plus forte raison avons-nous le droit de compter parmi les compositions religieuses les portraits des docteurs qui ornaient autrefois la bibliothèque.
Tel est cependant le privilège de la Ville éternelle que Sixte, tout en favorisant les tendances religieuses, a beaucoup fait, à son insu, pour hâter les progrès de la renaissance. En appelant auprès de lui les chefs de l’école florentine, il les mit en présence des splendides restes de l’antiquité, qui occupaient alors encore une si grande place sur les bords du Tibre, et leur révéla tout un monde nouveau. Dans leur patrie, ils n’avaient eu que l’occasion d’étudier les statues, les pierres gravées, les médailles. Ici ils virent se dresser devant eux les merveilles de l’architecture romaine : le Colisée, le Panthéon, les arcs de triomphe, les thermes. Si les Ghirlandajo, les Botticelli, les Filippino Lippi, les Verrocchio enrichirent la Ville éternelle de quelques chefs-d’œuvre nouveaux, que d’enseignement ne tirèrent-ils pas de cette mine inépuisable ! De retour dans leur patrie, ils purent réaliser ces progrès qui aboutirent, peu d’années après, aux triomphes de Léonard, de Michel-Ange et de Raphaël.
Si, dans le choix de ses architectes, Sixte n’a pas fait preuve de cette sûreté de coup d’œil à laquelle on était en droit de s’attendre, en revanche, lorsqu’il s’agit de désigner les sculpteurs et les peintres qui auront l’honneur de travailler pour lui, on ne peut que le féliciter de son discernement. Disons tout de suite que ces sculpteurs ne furent pas nombreux ; l’histoire ne cite parmi eux que deux noms ; il est vrai que ce sont ceux de maîtres, Verrocchio et Pollaiuolo. Quant aux peintres qu’il appela à lui, ils forment légion, et la plupart d’entre eux comptent parmi les premiers que l’Italie possédait alors. A l’exception de Mantegna, retenu à la cour des Gonzague, et de Benozzo Gozzoli, absorbé par la décoration du Campo Santo de Pise, il serait difficile de citer un homme supérieur que Sixte n’ait pas encouragé. Peu lui importaient leurs tendances ; il suffisait pour que, réalistes ou idéalistes, ils eussent droit à sa faveur, qu’ils se distinguassent de la foule par quelque qualité transcendante. Il n’y a certes pas peu de mérite à avoir discerné, au milieu de tant d’artistes distingués, des talens supérieurs tels que Melozzo du Forli, le Pérugin, Pinturicchio, Domenico Ghirlandajo, Botticelli, Filippino Lippi, Signorelli. Quant à leurs collaborateurs, Cosimo Rosselli, Piero di Cosimo, fra Diamante, Antonazzo, si la postérité les a jugés