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LA
GRANDE-GRECE

La Grande-Grèce, paysages et histoires, par M. François Lenormant, membre de l’Institut, 2 vol. in-8o ; Paris, 1881.


I

Les voyageurs n’ont pas l’habitude de visiter l’extrémité méridionale de l’Italie. Le plus grand nombre s’arrête à Naples ; quelques-uns vont voir Amalfi, Ravello, Salerne et se hasardent jusqu’à Pœstum ; mais d’ordinaire, en parcourant le chemin sauvage qui mène de Battipaglia à l’ancienne Posidonie, ils ne peuvent s’empêcher d’éprouver quelques inquiétudes : les paysans à la mine hâve, au teint jaune, qu’ils aperçoivent dans les champs éveillent chez eux le souvenir de la fièvre, et ils rencontrent tant de gendarmes sur la route qu’involontairement ils songent aux voleurs. Ils reviennent donc au plus vite, fort effrayés des dangers qu’ils pouvaient courir, et ne poussent pas leur excursion plus loin. Ni les voleurs, ni la fièvre n’ont arrêté M. François Lenormant. Il s’est mis en règle avec la fièvre en voyageant dans cette saison de l’année où elle n’est guère à craindre ; quant aux voleurs, il nous affirme qu’ils n’existent plus que dans les légendes. Le fait est qu’il a parcouru toute la Calabre, cette contrée redoutée des touristes, avec une femme et une jeune fille, sans en entendre parler. De retour de cette promenade, que beaucoup tenaient pour une aventure, il a voulu raconter au public ce qu’il y avait vu. Comme il nous parle d’un pays mal connu, fort peu visité, et qu’il a beaucoup de choses nouvelles à nous en dire, son récit s’est trouvé plus long qu’il n’avait l’intention de le faire : il consacre deux volumes entiers et